Si vous demandiez à Mary qui elle était, elle vous répondrait le plus sérieusement du monde : un ourson en quête d’aventure. La première fois que je l’entendis dire cela, je fus partagée entre plusieurs sentiments : le rire, l’attendrissement ou bien encore l’incompréhension. Ces rares sensations qu’un enfant peut vous faire sentir en plusieurs fois … Et pourtant elle était très sérieuse – comme tous les enfants de son âge – et voulait qu’on la considère comme tel. Une petite aventurière pour qui les bois semblent être une chose merveilleuse pour la petite fille qu’elle était … L’irrémédiable envie de créer ce royaume dont elle rêvait parfois. Alors elle n’avait pas hésité. Mais avez-vous déjà vu une enfant hésiter vous ? Ah ah, ces créatures possèdent plus de volonté qu’un adulte n’en possèdera jamais, prêt à soulever des montagnes et à stopper des ouragans. Les enfants étaient véritablement quelque chose de merveilleux.

Mary faisait partie de ces petits miracles du quotidien qui vous donnent envie de sourire.

La petite fille possède dans ses amis, tout du moins dans les connaissances qu’elle côtoie et harcèle régulièrement et qui l’apprécient, des êtres plus merveilleux les uns que les autres. Certains assez magique pour la guider là où elle souhaite se rendre. Dans les bois. Kwon Jae Sung fait partis de ces êtres formidables. Mi-elfes, mi-fée. Un être si proche de la nature qu’elle le jalouserait presque. Elle était allée le voir, tôt un matin après avoir embrassé ses pères et lui avait sauté dessus. Le suppliant de l’emmener dans ces bois.

Vivre d’extraordinaires aventures.

Et ils y étaient allés. Tôt. Au début, Mary tenait la main de Jae Sung et avançait timidement … Admirant avec un silence religieux la lumière traversé la végétation, créant toutes ces merveilleuses nuances de couleurs. Un sourire plein d’émerveillement avait fleuri sur son visage de poupon. Si merveilleux … Si fabuleux. Petit à petit, l’enfant avait commencé à prendre confiance en elle et avait lâché la main de l’adulte pour avancer par elle-même. Lentement. Doucement. N’y a-t-il pas plus beau spectacle qu’une enfant s’émerveillant sur le monde ? Tendrement j’admirai la petite prendre ses repères. Toucher un tronc, sourire à la texture, sauter pour tenter d’attraper une fleur … Tout était presque naturel.

Puis la petite aventurière s’était réveillée. Avec difficulté, mais entrain, elle escalada un immense tronc d’arbre mort et se mit debout dessus. De cette hauteur, peut-être qu’elle se sentait enfin reine de son royaume. Elle fit un immense sourire édentée et posa ses petites mains sur ses hanches.


La petite se bouscula peut-être un peu trop, vu qu’elle tomba en arrière. Ma réaction fut immédiate face à cet immense boum, je m’étais précipité pour voir l’enfant qui finalement, dos au dol et jambes contre le tronc se mit à rire aux éclats. Un soupir de soulagement m’échappa alors que je la voyais se remettre debout et se frotter la tête et les fesses. Elle était couverte de feuilles et de poussière. Mais cela ne semblait pas la déranger plus que nécessaire.

Petit ourson de la forêt.

Elle releva la tête et fit un immense sourire.


Et sans attendre, l’enfant s’enfonça dans la verte forêt et la seule chose que l’on put distinguer clairement fut son rire cristallin de petite fille. Peut-être qu’elle n’était pas une fée, ni une elfe, mais Mary appartenait à ce monde … A ses yeux, c’était clair.