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 Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-

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Ahn Ri Shin
Ahn Ri Shin
MessageSujet: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyMar 25 Mar - 0:25





Abandon Fear
with Lim Jae Sun

Il devait être plus de onze heures passé lorsque Ri Shin termina la mission qu’on lui avait attribuée, déambulant telle une ombre dans les rues désertes. Ce qu’il faisait était ennuyeux, vide de sens. Inutile.
Il regarda distraitement son poing droit qu’il leva devant lui pour l’examiner de plus près. La peau de ses phalanges était violacée, couverte de bleus et d’égratignures. Ce soir encore, il avait été impossible de garder son sang-froid. Mais pouvait-il vraiment en être autrement ? Ce n’était pas de sa faute si cet abrutit n’avait pas voulu avouer où il avait planqué l’argent qu’il leur devait. Il avait juste fait son boulot, tenté de se montrer quelque peu persuasif envers cet individu stupide.
A moins qu’il n’avait juste ressentit le besoin irrépressible de cogner sur quelqu’un.
Le Shadow fourra sa main dans sa poche, haussant les épaules. Qu’importe. Après tout, il n’était plus à ça près et se souciait bien peu des actes qu’il avait commis et qu’il continuerait de commettre, sans ressentir une once de culpabilité. Le type n’était pas mort et l’argent avait été récupéré ; c’était l’essentiel. L’objectif était atteint, point final. Ses lèvres pincées se tordirent en un horrible rictus, un sourire démesuré, fou et difforme.
A en juger par le comportement des autres, tout n’était régi que par l’argent. L’argent et le pouvoir. Les gens ne semblaient désirer que cela. Toujours et encore plus. Mais jamais assez. Pris d’une insatisfaction éternelle. Et cela, le jeune homme ne le comprenait pas. Il ne comprenait que peu de chose, et cela très difficilement. Ri Shin n’avait pas de telles envies à assouvir, ni de tels besoins. Il ne cherchait ni la gloire ni la fortune, et encore moins la renommée. Il cherchait seulement à échapper à la douleur et au mépris, échapper à l’autorité et au pouvoir de ceux qui en avaient. Alors, le meilleur moyen qu’il avait trouvé jusque lors avait été de devenir plus puissant et cruel qu’aucun n'autre. Inspirer la crainte, provoquer la souffrance. Mais, encore une fois, il courrait après des espérances futiles. Parce que ce qu’il fuyait, il ne pouvait s’y soustraire. Les autres ne la maltraiteraient plus, certes, mais la donne ne changeait pas. Car plus que son corps, c’était sa tête qui lui faisait mal. Il la sentait, cette douleur étrange, à la fois diffuse et atroce, s’infiltrer en son crâne et se répandre le long de son échine avant de gagner la moindre parcelle de son être. Il savait que, depuis trop longtemps déjà, quelque chose était cassée là-haut, que son esprit était défaillant. Il savait tout. Cela ne datait pas d’hier, mais bien depuis sa plus tendre enfance, depuis un certain nombre d’années. Quelque chose s’était fissurée en lui avec le temps, pour, un jour, se briser soudainement. Il avait pourtant essayé de rassembler tous ces morceaux éparpillés dans la boue immonde qui envahissait son esprit, tenter de les recoller pour donner forme à ce qui n’était plus. Il voulait se reconstruire. Il l’avait vraiment voulu. Mais ces morceaux étaient trop fins, trop fragiles. Lorsqu’il en tenait un dans le creux de sa main, lorsqu’il tentait de le mettre à sa place initiale, celui-ci semblait sur le point de se briser, comme s’il ne pouvait plus lutter contre le poids que sa propre folie exerçait sur lui.
Ri Shin se mit à rire aux éclats, comme pris de démence. C’était ridicule. Ridicule. Tout était stupide, risible. Pitoyable. Tout, tout, tout. Alors que rien ne semblait avoir de sens. Les mots se mélangeaient dans sa tête, s’emmêlaient jusqu’à former un brouhaha inintelligible, confus et strident. Il n’arrivait même plus à penser clairement. Ses envies, ses idées, sa raison, ses peurs et ses cauchemars semblaient ne former plus qu’un. Son rire s’étrangla aussitôt dans sa gorge alors qu’il portait une main à sa carotide, comme cherchant à reprendre son souffle. Il ne savait même plus pourquoi il s’était mis à rire.
Peut-être parce qu’il n’était pas tout à fait « normal » ? Parce qu’il n’était plus vraiment lui-même ? Non, il n’avait jamais rien été de tout cela. Il n’arrivait presque plus à agir de manière censée, se comporter de façon rationnelle. Il avait besoin d’évacuer ce trop-plein de colère, de violence et de tristesse qu’il ne pouvait contrôler. Il voulait juste déverser cette rage inexplicable sur quelque chose, arracher, déchirer et broyer. Créer le vide. Le chaos.
Le Shadow s’accroupit au milieu de la ruelle, portant violemment ses mains à sa tête, agrippant rageusement sa chevelure blanche entre ses doigts fuselés. Assez. C’était assez. Il n’en pouvait plus, il en avait assez. Il n’aimait pas cette vie, il n’arrivait tout simplement pas à l’aimer. Il était instable, violent et fou. Fou à lier. Fou, fou, fou. Complètement fou.
Instinctivement, il sortit le petit canif qu’il dissimulait dans sa poche arrière. Il ne savait même plus ce qu’il faisait. Juste qu’il avait besoin de se soulager, d’arracher les fils qui le retenaient si injustement ici. L’étincelle de lucidité qui palpitait faiblement dans ses prunelles sombres s’éteignit, laissant entrevoir le vide dans son regard. Peu importe ce qu’il arriverait à présent. Il s’en moquait.
La douleur se répandit de son poignet jusque dans son bras, telle une traînée de poudre, brûlante et avide. Ri Shin laissa échapper un cri fébrile, alors qu’il sentait le sang chaud s’écouler avec abondance sur le sol. Ses yeux se posèrent sur le liquide rouge qui dégoulinait de sa peau pâle, ses reflets mouvants illuminés faiblement par la lueur pâle de la lune. Le jeune homme tituba, lâchant son arme avec horreur. Qu’est-ce qu’il venait de refaire ? Pourquoi s’était-il entaillé volontairement le bras, de façon aussi désinvolte ? Pourquoi vouloir provoquer cet acte ?
Reprenant ses esprits bien trop tard hélas, Le Shadow sentait peu à peu ses forces l’abandonner. Chaque seconde passée le rapprochait un peu plus de la fin, et l’hémorragie ne semblait pas vouloir s’arrêter. Pris de frayeur, il voulut porter une main à son poignet ensanglanté, stopper l’irréparable. Mais en vain. Il se sentit tomber en arrière et buter contre le mur, s’affaissant à moitié sur le sol. Il avait froid. Froid et peur. Peur de ce qu’il ne pouvait pas contrôler et qui, encore une fois, venait de le dépasser. Mais l’acte avait été commis, et déjà l’envie de s’abandonner à l’obscurité devenait trop attirante. Il ferma les yeux et lâcha un soupir. Cette fois enfin. Cette fois serait la bonne, il l’espérait.


Dernière édition par Ahn Ri Shin le Sam 10 Mai - 21:10, édité 1 fois
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Lim Jae Sun
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyVen 4 Avr - 15:30



Jae Sun était à deux pas de chez lui. Il était 23h00. 23h00... Bon sang.

- Seigneur, se disait-il, il faut vraiment que j'arrête de dessiner n'importe quand...

En effet, le barista, après avoir salué ses derniers clients de la soirée, s'était mis à dessiner le visage d'une cliente très originale qui était venue boire un café dans l'après-midi. Absorbé par son travail, il n'avait pas vu le temps passer, si bien qu'il avait été très surpris en remarquant que deux heures s'étaient écoulées depuis la fermeture du café.
Résultat, il avançait dans le froid de la nuit, peu rassuré par les ruelles ténébreuses qui l'entouraient. Les quartiers avaient beau êtres resplendissants et bondés de monde dans la journée, ils devenaient sombres, infréquentables et très peu sûrs une fois la nuit tombée. Et, malgré le peu de distance séparant son café et son appartement, il savait que le danger restait là.

Après cinq petites minutes de marche, le Spirit arriva enfin devant la porte. Pendant un court instant, il pensa que l'épreuve était fini. Qu'il allait pouvoir se reposer tranquillement dans son salon en sirotant une petite tasse de chocolat chaud avant d'aller peindre un peu sur son chevalet. Que les ténèbres de la nuit allaient enfin cesser de le regarder de leurs yeux sombres et effrayants.
Mais ses espérances disparurent au moment où il entendit un cri dans la ruelle à côté. Un cri fébrile, tremblant, faible. Que se passait-il ? Un tapage nocturne ? Une bagarre ? Un meurtre ? Instinctivement, Jae Sun porta la main à son poignard, qu'il gardait toujours sur lui, caché sous sa veste, pour se sentir davantage en sécurité en rentrant chez lui.
Le silence revint un instant, jusqu'à ce que des pas instables se fassent entendre. Quelqu'un titubait là-bas. Était-il blessé? Sonné? Puis un bruit sourd entendit, comme si quelque chose de lourd était tombé au sol. Bon, désormais, dans tous les cas, le barista ne pouvait pas rester là sans rien faire. Tant pis pour le salon, le chocolat et la peinture, ils pouvaient attendre. Prenant son courage à deux mains, il se rua vers l'endroit d'où provenait les bruits.
Ce qu'il vit le choqua profondément.

- Mon Dieu... Ce n'est pas vrai...

Un homme était allongé dans une mare de sang. L'un de ses bras était entaillé et un couteau reposait près de lui, à portée de ses mains. Il n'y avait aucune trace d'une autre personne. Pas de traces de pas passés dans le sang, pas un bruit suspect. L'inconnu était seul. Mais alors... Si personne n'était là pour lui faire ça... Ça ne voulait tout de même pas dire que...

- Oh non... Pas ça...

Le Spirit avait murmuré ces mots. L'hypothèse qui lui avait traversé l'esprit venait de lui glacer le sang. Il... Il ne s'était tout de même pas mutilé, si ? Avait-il vraiment tenté de... De se suicider ? Paniqué, il courut jusqu'à l'homme et s'agenouilla près de lui.

- Monsieur! Monsieur, est-ce que vous m'entendez ?

Il n'avait pas crié, mais sa peur et son inquiétude s'entendait très bien dans le ton qu'il avait pris. Voyant qu'il était urgent de faire quelque chose pour lui, il appuya sur la plaie pour stopper l'hémorragie et absorba la douleur. En sentant l'énorme brûlure remonter le long de son bras, Jae Sun se mordit les lèvres pour se retenir de hurler. Sans attendre, il déchira un long morceau de tissu de sa propre chemise avec son poignard et entoura le bras qui avait cessé de saigner. Puis il prit le pouls de l'homme. Le son du battement faible mais présent le fit soupirer de soulagement. En retirant sa main du cou de l'inconnu, il se rendit compte qu'il avait entièrement tâché son haut et son pantalon. Enfin, qu'importe, cette personne était sauvée, c'est ce qui comptait. Mais son constat lui restait en travers de la gorge.

- Pauvre homme... La vie a-t-elle donc été assez dure avec vous pour que vous vouliez vous en débarrasser ? Est-il donc si compliqué de trouver sa place dans ce monde ?
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Ahn Ri Shin
Ahn Ri Shin
MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptySam 5 Avr - 20:43


Les bruits insupportables qui résonnaient en son esprit s’étaient tus, laissant place à une délicieuse torpeur. Ri Shin n’entendait plus rien, de la même façon qu’il ne ressentait plus rien. Absolument plus rien. Pour la première fois depuis longtemps, il n’avait plus à se préoccuper de toutes ces pensées malsaines qui tournaient en boucle dans son esprit, telles le générique erroné d’une vieille chanson. Il se laissait aller à une langueur indescriptiblement chaleureuse, le préservant de toutes souffrances. La douleur avait disparu et le calme retombait dans son esprit agité. Il n’avait plus froid, comme enveloppé d’une douce chaleur l’abandonnant au sommeil. Sombrer. Oui, c’était cela ; il sombrait complètement et ce dans le plus grand des plaisirs. Son corps lui semblait plus léger, comme s’il flottait en apesanteur. Il avait la forte impression que plus rien ne pouvait l’attendre. Et il le voulait sincèrement.

Cet instant de grâce absolue dura une éternité, et pourtant, il fut aussi bref qu’une fraction de seconde. Alors que le Shadow baignait dans une mer de sérénité, une sensation parasite ébranla ce bonheur chaotique. Dans un coin reculé de sa tête, une alarme s’était mise à sonner dangereusement. Non. Ce n’était pas bien. Il…il ne fallait pas. Il ne fallait pas revenir. Il ne voulait pas rouvrir les yeux, il ne le désirait pas. Il voulait rester ici un peu plus longtemps, dormir du plus qu’il le pouvait.
Mais déjà la vie reprenait ses droits, l’arrachant à son sommeil mortel. Ses sens devenaient plus aiguisés, ses paupières palpitaient faiblement, laissant entrevoir des signes d’animations évidents. Un cataclysme semblait s’être réveillé en ses veines, ravageant tout ce qui se trouvait sur son passage. La douleur était revenue avec violence, vivace, omniprésente et, plus que tout, insupportable. Un cri interne déchira son crâne et lui provoqua une migraine atroce, comme si tous ses vaisseaux sanguins venaient d’exploser en même temps. Il avait mal. Si mal…bien trop mal.
Ri Shin essayait d’ouvrir les yeux avec faiblesse, comme cherchant un quelconque secours dans la nuit qui l’enveloppait. Il ne voulait plus souffrir, il ne le pouvait plus le supporter. A cet instant, plus fébrile que jamais, il se permit de penser qu’il attendait de l’aide. Et lorsque ses paupières s’ouvrirent véritablement sur la silhouette penchée au-dessus de lui, il ne put croire que cette prière silencieuse avait été entendue. Mais quelqu’un était bel et bien à ses côtés, saisissant avec empressement er fermeté mêlés son poignet ravagé, faisant aussi taire la violente douleur qui tambourinait sous sa peau même et la rendait à vif. Cette libération laissa s’échapper de ses lèvres un soupir fiévreux, témoignant son soulagement. Il se sentait bien mieux, accueillant avec délice la fraîcheur nocturne sur son visage blême. Il sentit qu’on enroulait quelque chose autour de son poignet avant d’y exercer une légère pression comme pour stopper l’hémorragie. Doucement, il leva ses yeux sombres en direction de l’inconnu, n’arrivant pas à distinguer son visage dans la pénombre glacée. Tout ce qu’il voyait était le rouge qui collait à ses vêtements, une couleur écœurante et malsaine dans laquelle il baignait lui aussi, une couleur immonde à la senteur âpre de fer qui embaumait l’air et lui montait à la tête.
Le Shadow battit vivement des cils, faisant la lueur dans son esprit léthargique. Peu à peu, il reprenait conscience de l’endroit où il se trouvait, ainsi que de sa propre condition. Il était dehors, dans la rue, allongé à même le sol sur le bitume froid et dur. Il s’était entaillé les veines. Encore. Et se retrouvait imprégné de son propre sang. Un sang poisseux et écarlate, brillant d’une sinistre façon à la lueur blafarde de la lune. Un sang épais et obscur, souillé, un sang qui lui semblait tellement sale.
Ri Shin vivait.
Encore.
Le jeune homme sentit un profond sentiment de désespoir doublé d’un soulagement douloureux monter en lui. Il vivait toujours. On ne l’avait pas laissé mourir. La vie le rattrapait toujours et encore, inlassablement. La vie ne voulait pas le laisser s’en aller. Elle le tenait dans sa toile difforme, de la même façon qu’une araignée piégeait ses malheureuses proies. Il était désespéré. Totalement désespéré. Et pourtant, au plus profond de son être, il était soulagé. Totalement soulagé. Il avait peur de la mort, peur de l’obscurité ambiante. Mais elle l’attirait. Inexorablement et inexplicablement. Il était la contradiction personnifié, l’envie et le rejet concilié en un seul et même être. Et cela le tuait. Le détruisait. Car il ne savait ni où était sa propre place, ni celle qu’il désirait.

- Pauvre homme... La vie a-t-elle donc été assez dure avec vous pour que vous vouliez vous en débarrasser ? Est-il donc si compliqué de trouver sa place dans ce monde ?

Ces mots, ces mots chuchotés si près de lui dans le silence étouffant de la nuit, firent un écho violent à ses pensées. Ses yeux s’animèrent à nouveau de cet éclat sauvage qui leur était si propre, le faisant revenir à la réalité. Il n’était pas seul. Il y avait un étranger à ses côtés, une personne qui s’était permis de lui barrer la route. Ses prunelles sombres tournoyèrent un instant dans leur orbite, cherchant la source de cette voix qui lui avait semblé si accablé. Instinctivement, elles se portèrent sur la silhouette qu’il avait précédemment distinguée dans son moment de détresse. Il s’agissait d’un homme. D’un jeune homme qui devait avoir, tout au plus, le même âge que lui. A sa vue, le Shadow fut pris d’une rage folle. Pourquoi lui avait-il barré la route ? Pourquoi lui avait-il refusé l’accès à ce néant qu’il tentait d’atteindre depuis si longtemps déjà ? Pourquoi l’avait-il sauvé ?
Instinctivement, il porta une main rageuse au col de l’inconnu, attirant brutalement son visage à quelques centimètres du sien, usant de la sorte du peu de force qu’il lui restait. Son regard haineux se plongea dans celui de l’autre homme, trahissant toute la colère désespérée qu’il ressentait à cet instant.

- Putain, mais tu t’es pris pour qui ?!aboya-t-il du plus fort qu’il le pouvait. Pourquoi est-ce que tu m’as arrêté ?! Tu pensais que j’allais te remercier, peut-être ?! Tu…

Il s’arrêta au beau milieu de sa phrase, remarquant sa chemise déchirée et tout le sang qui la maculait. Pitoyable. Il avait même été jusqu’à réduire ses vêtements en charpie pour panser sa plaie… Ri Shin déglutit, relâchant le col de l’inconnu avant de le repousser violemment de lui. Il avait honte. Honte d’être vu dans cet état miséreux, là où il était le plus lamentable. Il avait profondément honte de ce qu’il était. Et cela le rendait inexplicablement agressif. Il ne voulait pas qu’on porte de jugement sur ces actes, surtout s’ils étaient aussi désespérés.

- Dégage, murmura-t-il. Dégage avant que je te tue.  

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Lim Jae Sun
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptySam 5 Avr - 22:59


Jae Sun savait que cet homme qui l'avait sauvé n'allait pas être agréable avec lui. Il le savait, c'était bien plus qu'évident. Les personnes qui tentaient vraiment de se suicider ne voulaient pas être sauvées. Il fallait insister sur le mot « vraiment », car le suicide était un moyen de se faire comprendre pour certains. C'était ce qu'avait vécu le barista lorsqu'il était adolescent. L'attentat suicidaire qu'il avait commis étant jeune était davantage un appel à l'aide lancé à son entourage, surtout aux personnes qui le faisait souffrir, qu'une réelle envie de quitter le monde des vivants. Mais ceux qui voulaient absolument en finir, eux, ne souhaitaient aucune aide. Ils voulaient seulement partir. Et cet homme pouvait faire partie de ce genre de personne. Si bien que le Spirit s'attendait à n'importe quelles réprimandes ou remarques désagréables, voir agressives.

Cependant, il ne s'attendait pas à avoir autant raison, car, une fois ses esprits repris, l'inconnu agrippa violemment le col de Jae Sun qui, trop surpris pour faire quoi que ce soit, se laissa attiré près du visage froid qui le regardait avec un air haineux. Mais il lui suffit de le regarder dans les yeux pour comprendre que ce n'était pas que la haine qui rendait son visage, et particulièrement ses yeux, aussi effrayant. Non, il n'y avait pas que ça. Il voulait mourir, et il avait été sauvé. Il ne pouvait donc qu'en vouloir à celui qui l'avait privé de ce qu'il pensait être sa libération. À la vue du poignet couvert de cicatrices du jeune homme, le barista comprit tout. C'était un homme rongé par le désespoir et l'envie de mourir, et ce, depuis bien longtemps. Le pauvre... Mais que pouvait faire le monde aux gens pour leur donner envie de se débarrasser de leur enveloppe corporelle ?

Perdu dans cette triste pensée, le Spirit ne fit pas vraiment attention aux réprimandes bruyantes et agressives de celui qu'il avait sauvé. Il fut cependant rapidement ramené à la réalité lorsque ce dernier le repoussa violemment. Une fois de plus, il ne s'attendait pas à ce mouvement brusque, si bien qu'il heurta de plein fouet le mur derrière lui. Le choc avait été brutal, et il ne put retenir un gémissement de douleur lorsqu'une énorme brûlure s'empara de l'arrière de son crâne. Lentement, un liquide chaud coula le long de sa nuque.

- Oh, bon sang... Quelle galère...

Décidément, ce n'était pas son jour de chance. Et pourtant, la journée avait si bien commencée... Pourquoi fallait-il qu'elle se termine de cette manière ?
L'homme continuait de le regarder avec cette même expression haineuse sur le visage.

- Dégage. Dégage avant que je te tue.

Cette fois, Jae Sun le regarda avec sérieux. Il voyait quelque peu flou à cause de sa blessure, mais tant pis. Il n'avait besoin que de sa langue.

- Et bien, soit... dit-il avant de prendre son poignard. Je suis désolé, mais je ne peux pas partir. Pas maintenant que je vous ai vu. Je vous conseillerais d'ailleurs de ne pas trop bouger. Je ne vous ai pas guéri, j'ai uniquement absorbé votre douleur. Même si vous ne ressentez rien, vous avez perdu beaucoup de sang et vous restez faible, sans vouloir vous vexer.

Il se mit à genoux face à l'homme et posa son arme dans sa main, avant de la déplacer vers son cou, de sorte que la lame soit posée contre sa jugulaire.

- Allez-y, tuez-moi, si c'est ce que vous voulez. Vous pouvez le faire, vous pouvez même me torturer si vous le souhaitez, je n'opposerai pas de résistance. Si cela vous permet de vous calmer et de vous empêcher de vous blesser vous-même, qu'il en soit ainsi. Mais avant, sachez une chose. Une âme ne meurt pas, elle ne peut pas mourir. Si vous souffrez intérieurement, ce n'est pas en quittant votre enveloppe corporelle que vous irez mieux. Bien au contraire, les choses empireront.

Un sourire serein étira les lèvres du Spirit, qui ferma les yeux.

- Maintenant, faites comme bon vous semble. Ma survie ne dépend que d'une pression de cette lame sur mon cou.
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Ahn Ri Shin
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyDim 6 Avr - 1:28


Le brouhaha incessant qui occupait ses pensées se refaisait peu à peu entendre, montant en lui dans un crescendo frénétique. Ri Shin essayait de calmer la rage qui s’était allumée en lui, respirant profondément pour faire entrer de l’air dans ses poumons opprimés. Son acte avait engendré des répercussions inévitables ; il était amoché. Salement amoché, même. Ses forces physiques étaient bien amoindries, de même que ses capacités mentales qui, en temps normal, étaient vingt fois plus instables que la norme.
Autant fut-il étonné lorsqu’il entendit le choc sourd qu’émit le dos de l’étranger en heurtant le mur opposé. Lui restait-il donc tant de force ? Le faible gémissement qu’il entendit s’élever dans la ruelle déserte le lui confirma. Oui, même après s’être dangereusement approchées des portes closes de la mort, sa force bestiale ne semblait vouloir le quitter. Un rictus hideux tordit le coin de ses lèvres livides. Ainsi, l’agonie faisait croître sa nature monstrueuse et ses instincts l’accompagnant. Il aurait voulu rire. Rire de sa condition pitoyable, de son existence lamentable. Que restait-il d’humain en lui ? Y avait-il encore une once d’humanité subsistant en son être ? Le Shadow ne connaissait la réponse. Il était incapable de la trouver. D’en trouver ne serait-ce qu’une seule. A commencer par la plus importante ; ne vivait-il que pour penser à la mort ? Ou ne pensait-il à la mort que pour vivre ?...survivre.

L’homme laissa échapper des mots qu’il n’eut pas le temps de comprendre, avant de reporter son attention sur lui. Visiblement, il ne semblait pas prendre aux sérieux les réprimandes du mafieux, et encore moins ses menaces. Il se passait plutôt même l’effet inverse ; l’étranger n’en semblait que d’avantage déterminé.

- Et bien, commença-t-il avant de prendre en main un objet luisant. Je suis désolé, mais je ne peux pas partir. Pas maintenant que je vous ai vu. Je vous conseillerais d'ailleurs de ne pas trop bouger. Je ne vous ai pas guéri, j'ai uniquement absorbé votre douleur. Même si vous ne ressentez rien, vous avez perdu beaucoup de sang et vous restez faible, sans vouloir vous vexer.

Ri Shin le fixa de ses yeux ténébreux sans mots dire, un sourire inquiétant étirant la commissure de ses lèvres. Définitivement, il n’arrivait pas à savoir ce qui passait par la tête de ce type. Il le prenait pour un petit animal blessé qu’il voulait guérir avant de lui rendre sa liberté ? Pour un petit chiot abandonné qu’il se devait de ramasser parce qu’il lui inspirait pitié ? Stupide. Il n’avait pas à se sentir obligé de le secourir pour la simple raison qu’il l’avait vu dans cet état misérable et qu’il le prenait à présent en pitié. S’il y avait bien une chose dont il se serait passé, s’était d’avoir à croiser le regard apitoyé des autres. Oui, vraiment. Et puis c’était quoi ce vouvoiement à la con ? Il ne l’aurait déjà pas accepté en temps réel, surtout venant d’une personne aussi jeune que lui et, plus que tout, encore moins dans ce genre de situation. Pendant une fraction de seconde, il se crut même dans un mélodrame. Après tout, on ne voyait que ça dans ce genre de film mièvre et insupportable. Sincèrement, qui donc lui serait venu en aide au beau milieu de la nuit, l’empêchant de se suicider et restant coute que coute pour l’aider alors qu’il n’était qu’un parfait étranger et, de surcroît, l’avait remercié de la plus charmante des façons en l’accompagnant de menaces de mort ? Il avait beau retourner la question dans tous les sens, il ne voyait qu’une explication logique. Ce type était stupide. Définitivement stupide.
Le Shadow haussa un sourcil lorsqu’il l’entendit parler d’avoir absorbé sa douleur. Effectivement, il ne sentait plus ce mal cuisant et lancinant accabler la moindre parcelle de son être, embrasser ses veines asséchées. La douleur s’était volatilisée depuis un certain temps, d’une façon des plus miraculeuse et énigmatique. Etait-il possible que l’inconnu ait véritablement accompli cette prouesse ? Etait-il doté de ce genre de pouvoir, celui d’absorber la douleur d’autrui ? Peut-être. Peut-être qu’il ne lui mentait pas. Après tout, Ri Shin avait déjà entendu plusieurs rumeurs quant aux mystérieux pouvoirs que pouvait détenir certaines personnes. Alors pourquoi pas lui ?
L’étranger se plaça à genoux face à lui, déposant un objet glacé au creux de sa main, avant de s’en saisir fermement et de la porter jusqu’à son cou gracile. Le jeune homme plissa les yeux, se rendant compte de la nature de l’objet en question. Un poignard. Dont la lame était dirigée, volontairement, contre la gorge de son propriétaire.

- Allez-y, tuez-moi, si c'est ce que vous voulez. Vous pouvez le faire, vous pouvez même me torturer si vous le souhaitez, je n'opposerai pas de résistance. Si cela vous permet de vous calmer et de vous empêcher de vous blesser vous-même, qu'il en soit ainsi. Mais avant, sachez une chose. Une âme ne meurt pas, elle ne peut pas mourir. Si vous souffrez intérieurement, ce n'est pas en quittant votre enveloppe corporelle que vous irez mieux. Bien au contraire, les choses empireront, lui dit-il calmement, sans sembler se soucier de la présence de la lame contre sa peau.

Cette fois-ci, il n’y avait plus aucune trace de colère dans les yeux noirs du mafieux, juste une surprise qui ne semblait connaître de limite. Celui-ci venait peu à peu à penser que l’inconnu était complètement fou. Peut-être même autant que lui. A tel point que pour le Shadow, il s’en montrait presque suicidaire. Ironique.
Les mots ont parfois des vertus curatives, capable d’atteindre et toucher le cœur des gens au point de les faire changer du tout au tout. Parfois. Mais malheureusement pour Ri Shin, les mots n’étaient rien de plus que la formulation de vœux égoïstes, matérialisations de pensées qu’il ne voulait pas entendre ni connaître. Les mots pouvaient soigner, certes. Mais il pouvait aussi blesser. Et à défaut d’avoir un jour entendu ceux appartenant à cette première catégorie, il les catégorisait tous comme nuisibles. La personne devant lui s’efforçait de parler en vain, car déjà il ne l’écoutait plus. Il se contrefichait de ses foutues histoires d’âme ou d’enveloppe charnelle, pour lui il n’y avait que les faits ; il souffrait. Il avait souffert et souffrait au point de vouloir en mourir, cela ne datait pas d’hier ni d’aujourd’hui, et rien ne pourrait y changer. Il ne pouvait s’empêcher de se blesser ou de tester ses propres limites, de désirer et refuser la mort à la fois, car il était fou. Oui, il était pris d’une douce folie, d’un poison capiteux qui se rependait un peu plus chaque jour dans ses veines, se mêlant à son sang maudit. Il y avait une tare dans son esprit. Une faille dans son être. Et cela, cette déchéance qui prenait de l’ampleur à chacune de ses manifestations, l’entraînait vers le bas. Le condamnait. Condamné. C’était aussi simple que cela. Il était condamné et ce peu importe ce qu’il tentait de faire. Rien ne pouvait le sauver. Rien ni personne. Personne.

L’homme face à lui ferma les yeux et afficha un sourire serein, comme s’il ne réalisait pas la position dans laquelle il se trouvait.

- Maintenant, faites comme bon vous semble. Ma survie ne dépend que d'une pression de cette lame sur mon cou.

Cette fois-ci, le Shadow ne put se retenir de rire. Un ricanement perfide s’échappa de ses lèvres entrouvertes. Un ricanement qui exprimait toute la folie qui pesait sur ses frêles épaules en cet instant. Un son creux qui sonnait dans le vide glacial. Un son qui prit aussitôt fin, interrompu par une violente quinte de toux. La condition du jeune homme ne lui permettait pas de rire aux éclats, les quelques taches de sang qui ornaient ses lèvres ne pouvaient que le confirmer. Il se calma légèrement, ne pouvant faire disparaître pour autant son rictus démesuré.

- T’es complètement taré en fait ! Je t’ai cogné trop fort ou quoi ?ricana-t-il.

Il resserra un peu plus sa main autour du poignard, exerçant une légère pression contre la peau d’albâtre de l’inconnu. La vision de la lame brillante sur sa gorge pâle semblait raviver en lui des instincts bestiaux qu’il ne pouvait réprimer. L’envie de voir cette chair blanche recouverte de sang ne lui paraissait pas déplaisante. Vraiment pas, non.
Il regarda son interlocuteur dans les yeux avec malice, appuyant un peu plus le couteau contre son cou jusqu’à y faire perler un peu de sang. L’étranger ne semblait vraiment pas savoir dans quel pétrin il venait de se fourrer.

- Malheureusement pour toi, je ne crois pas que la foutue personne qui y ait eu la merveilleuse idée de me donner la vie ne m’ait un jour donné d’âme. Alors tes histoires à dormir debout, je m’en passerais bien, tu vois. De ce fait, j’ai le regret de t’annoncer que, contrairement à toi, je ne ressens ni pitié, remord ou gratitude. N’espère pas que je t’écoute un instant et que je me rende compte d’à quel point la vie peut être belle ou que je te remercie de m’avoir « sauvé ». Non. N’espère rien de tout ça. Tu l’as remarqué, je me fiche bien de ma vie, mais encore plus de la tienne. Alors arrête ce jeu stupide. Je pourrai te tuer sans éprouver le moindre remord et qui sais, peut-être que quelqu’un viendra ramasser demain nos deux cadavres ?

Le Shadow lui offrit un sourire mesquin avant de lâcher le couteau qui tomba sur le sol dans un bruit métallique. Parler le calmait un peu, atténuant l’excès de folie qui l’avait pris quelques secondes plus tôt. Il n’était plus en colère, plus surpris ou plus amusé. Plus rien du tout. Il redevenait peu à peu lucide, et cela l’épuisait grandement. Il voulait simplement avoir la paix, et que l’étranger parte une bonne fois pour toute.

- Sérieusement…pourquoi tu ne veux pas partir ? Aider quelqu’un comme moi ne t’apporteras que des ennuis. Tu le vois bien, je suis complètement tordu, à tel point que je n’arrive même plus à me comprendre moi-même. Il est tard, et je suis sûr que quelqu’un t’attend à la maison. Rentre chez toi maintenant, termina-t-il simplement.
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyLun 7 Avr - 21:54


N'importe qui pourrait croire que Jae Sun était complètement fou. Mais ce n'était pas le cas. Pas du tout, même. Il savait ce qu'il faisait, il savait qu'il risquait de mourir. Mais, dans un sens, il s'en fichait complètement. Il avait décidé de consacré sa vie à protéger celle des autres, qu'importe le prix, et il le ferait jusqu'au bout. Car si la vie des gens qui l'entouraient était chère à ses yeux, la sienne ne valait pas énormément pour lui, et même, pour ainsi dire, rien du tout. Mourir pour sauver s'il le fallait, il en était parfaitement capable, car son être valait trop peu comparé au bien des autres.

Le rire effrayant de l'inconnu ne fit pas broncher le barista, qui n'attendait qu'une chose : une réaction logique de la part de cet homme. Ce n'est qu'en l'entendant le traiter de « taré » et en sentant une pression sur la lame qu'il osa enfin ouvrir les yeux. Pas à cause de la brûlure qu'il ressentait dans son cou, ni à cause du liquide chaud qui coulait de sa nouvelle plaie, non. Il ouvrit les yeux parce qu'il était étonné. Étonné de voir à quel point cet homme en face de lui était prévisible. Ce constat le fit à nouveau sourire, et son regard redevint doux, comme à son habitude. Peut-être que tout se passerait comme il l'avait imaginé, finalement.

Sans dire un mot, il écouta le discours de cet homme, un discours dans lequel il se qualifiait lui-même de monstre sans âme. Mais à chaque phrase, le Spirit souriait un peu plus. Pourquoi ? Tout simplement parce que, alors que cet inconnu lâchait tout un tas de monstruosités, la colère s'atténuait dans son regard, une lueur de lucidité apparaissait sur son visage, et la folie disparaissait peu à peu de ses paroles. Et quand, enfin, l'homme lâcha le poignard et lui adressa des paroles sensées et pleines de raison, il ne put retenir un léger rire de soulagement.

- Et bien voilà. Vous voyez, parler et se laisser aller peut faire du bien de temps en temps. Maintenant, je ne voit plus aucune trace de colère sur votre visage. Mais...

Il s'arrêta un instant et reprit son poignard pour le ranger dans son petit fourreau sous sa veste.

- Mais je ne changerai pas d'avis. Je ne partirai pas tant que je ne serai pas sûr que vous allez survivre. Il marqua une pose, puis continua. Déjà, là, il y a une chose qui ne va pas...

Après s'être à nouveau stoppé, il se pencha sur le côté et attrapa le couteau avec lequel l'inconnu devait s'être entaillé.

- Bon, je m'excuse d'avance, mais il est hors de question que je vous laisse seul avec une arme pareille à portée de main.

Sur ces mots, il se releva et jeta avec force l'arme contre le mur d'en face. C'est qu'il pouvait vraiment être fort quand il le voulait. Le résultat dépassa son espérance. La lame, au lieu de se briser, se détacha complètement du couteau, avant d'atterrir devant lui. Aussitôt, Jae Sun la prit et la mit dans la poche arrière de son pantalon.

- Ҫa, c'est fait. Je me sentirai déjà plus rassuré en sachant que vous n'avez rien pour vous retailler les poignets.

À nouveau, il cessa de parler. Pas pour faire autre chose ou pour chercher ses mots. Il réfléchissait aux paroles de cet homme, et surtout à sa dernière question. « Pourquoi tu ne veux pas partir ? ». Immédiatement, son regard s'assombrit à nouveau. Hélas, il ne connaissait que trop bien la réponse.

- Vous voulez vraiment une réponse à votre dernière question ?

Il ne lui laissa pas le temps de répondre et le regarda avec froideur.

- Vous devez savoir que je n'ai pas fait ça par pitié, par folie ou par envie de gratitude de votre part. Mais mon histoire ne devrait probablement pas vous intéresser, alors sachez seulement que c'est le souvenir une mauvaise expérience avec la mort dans le passé qui m'a poussé à vous sauver.

En effet, à quoi cela servirait-il d'expliquer à cet homme, apparemment si peu sensible aux sentiments des autres, le traumatisme que lui a causé la mort de ses parents, et qui le poussait désormais à risquer sa vie pour celle des autres ?
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Ahn Ri Shin
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyJeu 10 Avr - 22:54


L’étranger rouvrit les yeux, le fixant d’un regard inexplicablement doux. Un tic nerveux agita alors le coin des lèvres du mafieux. Comment pouvait-il encore le regarder avec une telle expression ? Ne ressentait-il pas la morsure du fer froid sur la peau tendre de son cou ? N’était-il pas conscient du fait qu’un mince filet de sang glissait le long de sa gorge et gagnait, déjà, le creux de son épaule ? Ne réalisait-il pas que le Shadow pouvait le tuer d’un moment à l’autre, sans aucune hésitation ? Qu’il était dangereux, que cela soit pour lui-même ou autrui. Et, s’il le réalisait véritablement, pourquoi n’abandonnait-il pas ? Pourquoi continuait-il de vouloir l’aider, coûte que coûte ? Ri Shin ne comprenait pas. Simplement car il ne pouvait pas le faire. Dans son esprit distordu par le poids de l’obscurité, ce genre de personne n’existait pas. Ce genre de personne ne pouvait exister. C’était irrationnel. Complètement impossible.
Impossible. Impossible. Impossible.
L’homme l’écouta tranquillement, ne pouvant se défaire du sourire qui naissait sur ses lèvres et ne cessait de croître, ce qui l’énerva profondément. Encore une fois, il ne comprenait pas. Il ne comprenait absolument pas ce qui se tramait dans la tête de son interlocuteur. Etait-il une sorte de masochiste qui aimait se faire maltraiter physiquement et verbalement ? Non. Il en doutait. Il en doutait fortement. Et lorsque Ri Shin lâcha le poignard, l’étranger fut pris d’un léger rire, empreint d’un soulagement évident.

- Et bien voilà. Vous voyez, parler et se laisser aller peut faire du bien de temps en temps. Maintenant, je ne voit plus aucune trace de colère sur votre visage. Mais...lui dit-il avant de marquer une courte pose pour reprendre son arme et la dissimuler sous sa veste. Mais je ne changerai pas d'avis. Je ne partirai pas tant que je ne serai pas sûr que vous allez survivre, poursuit-il avant de s’arrêter à nouveau quelques secondes. Déjà, là, il y a une chose qui ne va pas.

Il se pencha sur le côté, attrapant le canif du mafieux qui baignait à présent dans une mare de sang obscure. Le jeune homme le regarda un instant, intrigué, avant de comprendre, une seconde trop tard, la raison de ce geste.

- Fais pas le c…

- Bon, je m’excuse d’avance, mais il est hors de question que je vous laisse seul avec une arme pareille à portée de main, le coupa-t-il.

Il se leva aussitôt, jetant brutalement l’arme contre le mur d’en face, joignant de la sorte l’acte à la parole. Le couteau percuta le mur de plein fouet, avant de céder sous la violence du choc. La lame se détacha de son manche, retombant dans un tintement métallique sur le sol. Ri Shin se mordit rageusement la lèvre, foudroyant du regard l’autre homme. Il venait de lui foutre en l’air son canif. Carrément. Et cette colère redoubla d’avantage lorsqu’il le vit ramasser la lame à ses pieds pour la mettre dans la poche arrière de son pantalon. A cet instant, Ri Shin se sentit désarmé. Complètement désarmé et ce, dans les deux sens du terme. Il avait comme l’impression de n’être rien d’autre qu’un gamin qu’on réprimandait pour avoir fait une bêtise, à la suite de laquelle on finissait par lui confisquer son jouet. Oui, c’était tout à fait cela. Il venait de se faire confisquer son jouet. Et, de la même façon que l’aurait fait un gamin de dix ans, il s’était vexé. Car il se sentait si ridicule et, plus que tout, humilié par cette personne qui portait un jugement sur son comportement. S’il le pouvait, le Shadow lui aurait déjà refait le portrait depuis fort longtemps, question de principe, mais dans l’état actuel des choses et ayant tout juste assez de force pour parler, ce n’était même pas envisageable. Et pourtant, ce n’était pas l’envie de flanquer une bonne paire de claques à cet illuminé qui lui faisait la morale qui lui manquait. Cela le démangeait presque, même. Mais, encore une fois, il en était tout bonnement incapable. C’est pourquoi il était obligé de subir cette humiliation sans pouvoir riposter de façon physique.
Il se sentait vulnérable face à cet homme qui, debout devant lui, lui paraissait si gigantesque. Il se sentait si vulnérable… Ri Shin avait la désagréable impression de n’être qu’un tas de loques, jetés à même le sol, encrassé dans son sang souillé qui lui semblait si froid et visqueux. Un déchet. Oui, c’était exactement cette sensation qui s’infiltrait peu à peu en son être frigide ; celle de n’être rien d’autre qu’un déchet. Un rebut humain consumé par une folie incendiaire. Et cette sensation ne faisait que s’intensifier en présence de l’individu, injustement robuste, vif et doux.

- Ҫa, c'est fait. Je me sentirai déjà plus rassuré en sachant que vous n'avez rien pour vous retailler les poignets.

Ri Shin répondit à cette remarque par une grimace. Il le prenait vraiment pour un gosse qu’il fallait surveiller sans cesse ?
L’inconnu s’arrêta une nouvelle fois de parler, pensif, puis reprit la parole, le fixant avec une froideur que, jusque-là, il ne lui connaissait pas.

- Vous voulez vraiment une réponse à votre dernière question ? Vous devez savoir que je n'ai pas fait ça par pitié, par folie ou par envie de gratitude de votre part. Mais mon histoire ne devrait probablement pas vous intéresser, alors sachez seulement que c'est le souvenir une mauvaise expérience avec la mort dans le passé qui m'a poussé à vous sauver.

Le mafieux l’écouta en silence, montrant malgré lui une pointe de curiosité quant à l’entêtement de son interlocuteur. Il avait donc vécu une rencontre avec la mort. Et de ce fait, il avait pensé légitime de le sauver ? Intéressant. Plus intéressant qu’il ne l’aurait cru.
Le Shadow ne pouvait comprendre des sentiments tels que la compassion et encore moins les concevoir. Dans le monde monochrome qu’il voyait au travers de ses yeux emplis de ténèbres, cela n’existait pas. Il n’y avait que la haine, la misère, l’orgueil et la faiblesse. La rage et la folie. Il n’y avait que des larmes intarissables. Des cris de détresse que personne n’entendait jamais. Jamais.
Mais il pouvait comprendre l’envie de se battre contre quelque chose qui nous avait profondément révoltés. Le douloureux sentiment d’injustice, le besoin de se raccrocher à un souvenir et de faire en sorte que le scénario ne se répète jamais. Jamais.
Inexplicablement, il éprouvait un certain intérêt pour cet homme qui, jusque-là, lui avait tenu tête sans prendre une seule fois en compte les propos acerbes qu’il lui tenait. Il l’intriguait. Simplement. Mais cela n’était pas suffisant pour que le jeune homme lui donne raison et abandonne toutes tentatives de riposte. Il ne pouvait accepter une autre vision des choses que la sienne. Il avait besoin de lui montrer que ses idéaux étaient stupides et insensés, qu’une personne comme lui n’avait rien à faire avec le mafieux. Ils étaient tous deux différents. Bien trop différents pour qu’aucune raison, valable ou non, ne mène à les faire un jour se rencontrer.
Oui, il se devait de le lui faire comprendre.

- T’es vraiment sérieux, toi, quand tu t’y mets… Tu te rends compte que tu viens de flinguer mon « seul » canif ?lança-t-il en prenant une moue narquoise. Crois-moi, si jamais j’avais besoin d’une arme, j’aurais tôt fait de m’en trouver une autre.

Il le défia du regard, attendant sa réaction. Ri Shin jouait avec le feu, il le savait. Si jamais il venait à énerver de trop cet inconnu, il n’était pas improbable qu’il reçoive deux trois coups bien mérités. Mais, au fond de lui-même, il avait comme la certitude que cet homme à l’air si calme et bienveillant n’aurait posée la main sur lui. A cette pensée, son rictus s’agrandit. Ecœurant. Ce type avait vraiment une attitude indéchiffrable pour lui. Mais cela ne faisait que redoubler son envie de le provoquer.

- Tu as raison, je m’en cogne pas mal de ta vie. Mais si tu m’es venu en aide pour ce motif, tu es bien le dernier des imbéciles. Tu serais prêt à porter ton secours à n’importe qui, sous prétexte que cela te rappelle un souvenir douloureux ? Que tu voudrais que personne n’ait à vivre ce genre de chose ? Stupide. Complètement stupide.

Le Shadow partit d’un nouveau ricanement pour le moins sordide. Cela recommençait, encore. Il sentait sa raison vaciller doucement, manquant de s’éteindre à tout instant, telle une maigre flamme luttant contre la tempête qui faisait rage en lui. Mais cela ne l’importait plus. Il n’essayait même pas de s’agripper à elle, de le faire aussi désespérément qu’il en avait l’habitude. Il était au fond du trou et ne pouvait tomber plus bas.
Alors le fait de garder sa lucidité ou non, il s’en moquait bien.

- Tu devrais apprendre à faire la différence entre ceux qui doivent être sauvés et ceux qui ne le doivent pas. Tu penses sincèrement que je suis quelqu’un qui devrait vivre ? Cela ne servirait à rien. Je n’en éprouve pas l’envie, et personne ne le voudrait. Oui, personne n’irait s’en plaindre, tu sais ? A ton avis, combien de gens seraient heureux de me voir crever ?demanda-t-il avant d’être pris de fou rire. Combien, hein ?! Tu crois que tu viens de commettre une bonne chose, que ton acte soit louable ?! J’en ai tué, des gens. J’en ai tué une bonne dizaine même. Des déchets comme moi, mais aussi des gens « biens ». Des gens comme toi, naïfs et doux, qui n’auraient jamais dû tomber sur un salaud dans mon genre.

Son rire s’était atténué, étranglé dans sa gorge sèche. Les mots sortaient, douloureux, vifs et tranchants. Ri Shin ne riait plus du tout. L’envie lui en était subitement passée. Son air était grave, le regard livide, et ses yeux, semblables à deux billes d’un noir profond, étaient plongés dans ceux de son interlocuteur, glacials et obscurs.

- Alors, pour tous ceux-là, pourquoi ne me laisserais-tu pas mourir ? Tu ne penses pas que cela serait injuste ? Des gens meurent, tous les jours. Des gens meurent de la plus horrible des façons à cause des types comme moi, sans que personne ne leur rende jamais justice. Pourquoi devraient-il mourir et moi vivre ? Pourquoi ?

Il s’arrêta un instant avant de reprendre d’une voix sans appel :

- Si tu penses que toutes vies soient bonnes à sauver, c’est que tu es idiot. Les utopies n’existent pas. Alors, une bonne fois pour toutes, dégage. Dégage d’ici et ne te mêle plus jamais de ce qui ne te regarde pas. Au risque que tu ne sois le prochain à mourir injustement.
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Lim Jae Sun
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyMer 16 Avr - 19:55


- T’es vraiment sérieux, toi, quand tu t’y mets… Tu te rends compte que tu viens de flinguer mon seul canif ? Crois-moi, si jamais j’avais besoin d’une arme, j’aurais tôt fait de m’en trouver une autre.

Alors que l'inconnu défiait Jae Sun du regard, ce dernier avait écarquillé les yeux, à la fois surpris et inquiet. Cet homme était-il sérieux en disant qu'il n'aurait aucun mal à se trouver une autre arme ? Il n'allait tout de même pas recommencer immédiatement, au moins... Si ? Le barista ne bougeait pas, comme s'il était en arrêt sur image. Il était trop abasourdi, et mort d'inquiétude pour cet inconnu assez désespéré pour reproduire cet acte suicidaire sans regret. Quoi que cet étranger dise, il ne pouvait pas partir maintenant. Si cet homme mourait alors qu'il aurait pu le sauver, il s'en voudrait pour le restant de ses jours. Non. Il fallait rester et tenir bon jusqu'à ce que cet homme laisse cette envie morbide de côté. Mais la tâche n'allait pas être de tout repos, le Spirit le sut en continuant d'écouter l'homme en face de lui.

- Tu as raison, je m’en cogne pas mal de ta vie. Mais si tu m’es venu en aide pour ce motif, tu es bien le dernier des imbéciles. Tu serais prêt à porter ton secours à n’importe qui, sous prétexte que cela te rappelle un souvenir douloureux ? Que tu voudrais que personne n’ait à vivre ce genre de chose ? Stupide. Complètement stupide.

L'homme se remit à ricaner sinistrement. Le visage de Jae Sun se couvrit alors d'un voile d'effroi. Il n'avait pas peur, non, loin de là. Mais la faible lueur de lucidité qui éclairait le visage de son interlocuteur était en train de s'éteindre, et ça, ce n'était sûrement pas une bonne nouvelle. Il aurait voulu lui crier d'arrêter, de revenir à la raison et de retrouver son calme, mais il n'osait pas. Ses membres ne voulaient plus lui obéir, son regard était toujours légèrement brouillé par le choc qu'il avait eu à l'arrière du crâne, et les paroles de cet inconnu l'intimidait. Il trouvait sa vision des choses stupide. Stupide ? Non, seulement différente de la sienne. Trop différente. Le barista comprit alors que cet étranger était un Shadow. Ce constat l'intimida encore plus. S'il faisait partie de ces personnes voulant semer le chaos sur Eliora, comment allait-il s'y prendre pour lui faire entendre raison ? Alors qu'il tentait intérieurement de trouver une solution, l'homme reprit la parole.

- Tu devrais apprendre à faire la différence entre ceux qui doivent être sauvés et ceux qui ne le doivent pas. Tu penses sincèrement que je suis quelqu’un qui devrait vivre ? Cela ne servirait à rien. Je n’en éprouve pas l’envie, et personne ne le voudrait. Oui, personne n’irait s’en plaindre, tu sais ? A ton avis, combien de gens seraient heureux de me voir crever ? lui demanda-t-il avant d’être pris d'un nouveau fou rire. Combien, hein ?! Tu crois que tu viens de commettre une bonne chose, que ton acte soit louable ?! J’en ai tué, des gens. J’en ai tué une bonne dizaine même. Des déchets comme moi, mais aussi des gens biens. Des gens comme toi, naïfs et doux, qui n’auraient jamais dû tomber sur un salaud dans mon genre.

Les lèvres du Spirit s'entrouvrirent, mais aucun son n'en sortit. Il était choqué. Profondément choqué par les paroles du Shadow. Très attristé aussi. Pas parce qu'il s'en prenait plein la figure. Pas parce que cet homme le traitait comme le dernier des imbéciles. Non. Il était choqué et attristé parce que l'inconnu se dévalorisait, se considérait comme un monstre assassin dont personne ne voulait. Lorsqu'il cessa de rire, le regard de Jae Sun devint doux. Très doux. Encore plus que d'habitude. Ses yeux n'avaient rien à envier à ceux d'une jeune biche. Mais il y avait dans ses prunelles une tristesse qu'il tentait de cacher, de peur de chiffonner l'homme en face de lui.

- Si tu penses que toutes vies soient bonnes à sauver, c’est que tu es idiot. Les utopies n’existent pas. Alors, une bonne fois pour toutes, dégage. Dégage d’ici et ne te mêle plus jamais de ce qui ne te regarde pas. Au risque que tu ne sois le prochain à mourir injustement.

Un petit sourire triste se dessina sur les lèvres du barista. Le fait de se faire rejeter ne le touchait pas du tout, mais le mot "injustement" l'attristait encore plus. Il ne savait pas vraiment quoi faire, alors il laissa tout simplement son cœur parler pour lui.

- Croyez-moi, les utopies peuvent exister. Si elles n'existaient pas, je ne serai pas dans ce monde, et je n'aurais jamais retrouvé le bonheur.

Il s'assit à nouveau face au Shadow et s'adossa au mur. Son regard n'avait pas changé une seule seconde entre temps.

- Je ne suis pas idiot. J'ai seulement une vision des choses différente de la vôtre. Si vous, vous pensez que tout le monde ne peut pas mériter de vivre, moi, je pense que nous avons tous une place dans ce monde, même s'il faut parfois du temps pour la trouver. Il marqua une pause, puis continua. Écoutez, je sais que ma présence est assez désagréable pour vous. Si vous voulez vraiment me voir partir, je partirai. Il se leva et resta adossé contre le mur. Mais, si vous le permettez, j'ai une question à vous poser. Puisque vous savez que ce que vous faites est mal, pourquoi continuez-vous ?


Dernière édition par Lim Jae Sun le Sam 19 Avr - 10:28, édité 1 fois
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Ahn Ri Shin
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyVen 18 Avr - 17:09


L’homme face à lui l’écoutait cracher son venin en silence, déverser la rage glaciale qu’il abritait au fond de son être. Ri Shin avait besoin de le dire, de laisser s’échapper ces mots trop longtemps scellés dans sa gorge, inaudibles et assassins. Il avait besoin de montrer que le monde n’était pas beau. Que la vie était cruelle. Et que les monstres tels que lui, existaient bels et bien sur cette terre. Il avait besoin d’être jugé, de sentir le regard écœuré des autres sur sa triste personne. Il voulait qu’on le déteste, le dénigre et le fuit. Il le voulait ardemment.
Même s’il ne le supportait pas.
Au fur et à mesure qu’il parlait, le Shadow remarqua l’étrange lueur qui brillait dans les yeux de son interlocuteur. Une lueur qui lui était inconnue et qu’il ne pouvait lui-même émaner, mais une lueur, un éclat, qu’il pouvait néanmoins déchiffrer. De la douceur. Une douceur infinie et candide, une douceur qu’il trouvait simplement détestable. Oui, lorsqu’il le regardait avec de tels yeux, le jeune homme sentait son corps envahit par une sensation détestable. Une sensation diffuse et étrange. Une sensation qu’il n’aimait pas. Encore une fois, il avait l’impression d’être perçu comme un enfant, un être frêle et chétif qu’il fallait remettre sur le droit chemin. Un être qu’il fallait surveiller et aider. Un être fébrile, un oisillon qui ne pouvait plus voler de ses propres ailes.
Mais Ri Shin n’était pas cela. Il ne voulait pas l’être. Il était « mauvais », dangereux, détestable et égoïste. Il n’était pas faible. Il était fort. Fort et respecté pour cela. Tout comme il n’avait peur de rien. Pas même de la solitude, des ténèbres et de la folie grandissante. Il était préparé à tout cela. Il y était préparé depuis bien longtemps. Depuis le jour même de sa naissance, lui semblait-il.
Oui, définitivement, il n’était pas faible.
Mais alors quel était ce sentiment douloureux et amer qui se faisait ressentir dans sa poitrine creuse lorsque l’homme l’observait avec un tel regard ?...

- Croyez-moi, les utopies peuvent exister. Si elles n'existaient pas, je ne serai pas dans ce monde, et je n'aurais jamais retrouvé le bonheur, lui adressa l’étranger avec un petit sourire triste, avant de se rasseoir face à lui.

Le mafieux se mordit la joue, baissant le regard. Non. Non, les utopies n’existaient pas. Pas pour lui. Jamais un jour, et ce jusqu’au plus lointain de ses souvenirs, il n’avait pas s’estimer heureux de sa « vie ». Et si jamais elles existaient réellement, pourquoi ne s’étaient-elles manifestées pour lui ? Pourquoi n’avait-il pas le droit à cela ? Pourquoi un autre et pas lui ? Bêtement, car le monde était injuste. Tout était injuste. Et c’est ce qui rendait l’existence si laide à ses yeux.

- Je ne suis pas idiot. J'ai seulement une vision des choses différente de la vôtre. Si vous, vous pensez que tout le monde ne peut pas mériter de vivre, moi, je pense que nous avons tous une place dans ce monde, même s'il faut parfois du temps pour la trouver, continua-t-il avant de marquer une pause. Écoutez, je sais que ma présence est assez désagréable pour vous. Si vous voulez vraiment me voir partir, je partirai.

Le Shadow releva les yeux vers lui. Il comptait vraiment partir et le laisser ici, malgré tout ce qu’il lui avait dit auparavant ?...
L’homme se redressa, puis s’adossa au mur face à lui, reprenant la parole.

- Mais, si vous le permettez, j'ai une question à vous poser. Puisque vous savez que ce que vous faites est mal, pourquoi continuez-vous ?

Ces mots, doux et pourtant si tristes, prononcés dans l’obscurité glaciale de la ruelle, pétrifièrent Ri Shin. Ces mots, il ne les attendait pas. Il ne les avait même jamais attendus. Pourquoi ? Pourquoi faisait-il tout cela ? Pourquoi continuait-il ? Son esprit, d’ordinaire animé par une rage désespérée, fut atteint de plein fouet par cette simple question ; pourquoi ? Ce motif, cette cause douloureuse, il l’avait oublié.
Il avait tant voulu le faire.
Le mafieux aurait pu en trouver, des raisons. Des dizaines. Par vengeance, par dégout pour la nature humaine, pour évacuer la colère qui ne voulait jamais s’estomper de son être, parce qu’il était fou. Complètement fou. Mais la véritable raison, la seule qu’il ne s’était plus jamais permis de mentionner, l’unique, qui lui avait forgé ce caractère de pierre, il ne pouvait la dire. Il ne se sentait plus assez fort pour l’avouer de vive voix. Car il la contredisait. Chaque jour, chaque seconde de son existence, il la niait corps et âme. Car il ne la supportait plus. Car il ne la comprenait plus.
Sa bouche s’entrouvrit lentement, tentant de formuler une phrase inaudible. Ses yeux obscurs se posèrent pour la énième fois dans ceux de l’inconnu, comme y cherchant un quelconque secours. Un mensonge. Il devait dire un mensonge, n’importe lequel, mais vite. Il fallait faire cesser ce mal qui grandissait dans sa poitrine vide, redevenir un simple déchet, un pantin animé par une fureur dont lui-même ne pouvait mesurer l’étendue. Il fallait faire cesser ce sentiment, briser ses attaches fictives qui le rattachait encore à l’existence humaine. Il ne fallait plus ressentir quoi que ce soit, faire le vide, créer le vide et partir. Partir loin. Aussi loin qu’il le pouvait.
Mais déjà, il en était devenu incapable.
Sa voix ne voulait pas sortir de sa gorge nouée par l’émotion qu’il ressentait en cet instant même. Perdu, il se recroquevilla sur lui-même, prenant sa tête entre ses mains livides. Il détestait cela, il la haïssait profondément. Cette sensibilité à fleur de peau, cette contradiction qui n’avait pas de sens et qui le hantait depuis trop longtemps. Il venait de se souvenir, de se rappeler. Il revoyait ces horreurs défiler devant ses paupières closes, ressentait le poids du malheur qui l’avait accablé jusqu’au point de non-retour. De cet instinct qui avait guidé ses choix, lutté pour sa propre survie. Car c’était cela, la réponse qu’il ne voulait formuler. S’il était si écœurant aujourd’hui, s’il était devenu un bourreau, ce n’était que pour lui. Lui et lui seul. Pour sa propre survie.

- Parce que...je…je voulais vivre…murmura-t-il d’une voix faible et lointaine, manquant de se briser sous le poids de ces sentiments qui l’assaillaient sans pitié.

Cette phrase, jamais il n’aurait cru la prononcer un jour. Jamais. Car elle représentait sa propre faiblesse, celle qu’il tentait de cacher dans les tréfonds de son âme, de rendre muette et inexistante. De l’oublier définitivement. Car inexorablement, elle était celle qui le rattachait encore à la vie, lui criait de sa battre jusqu’au bout, même si l’envie disparaissait doucement. Elle était toujours là, dissimulé dans un coin de sa tête, ressurgissant lorsqu’il avait presque franchit les limites. Et même quelques instants plus tôt, lorsqu’il s’était permis d’attendre un quelconque secours ; elle était là, toujours et encore.
Une larme roula sur sa joue blafarde. Puis une autre. Une troisième. Une dizaine. Le jeune homme ne cherchait même plus à les retenir, trop perturbé par cela. Il souffrait. Il souffrait tellement et ce, à cause de lui-même. Il souffrait d’être constamment tiraillé par des envies contradictoires, de vouloir s’élever tout en se tirant lui-même vers le bas. Il souffrait de ne pas se comprendre lui-même, d’être doté d’un semblant de libre arbitre qu’il ne maîtrisait pas. Ri Shin était ses propres choix, ses envies et ses actes. Mais les uns ne correspondaient pas aux autres. Et cette peine, cette douleur incompréhensible, qui n’avait ni queue ni tête, il aurait voulu la crier.
Malgré tout ce qu’il pensait, malgré tout ce qu’il aurait voulu, il n’était pas fort, il ne l’était pas. Il ne l’était définitivement pas.

- Je ne sais plus quoi faire… Vraiment, je…je ne sais plus. J’en ai assez…

Il n’osa pas relever la tête, conscient de son visage baigné de larmes. Cela faisait depuis bien longtemps qu’il ne s’était autorisé une larme, et c’était ce soir qu’il craquait, en présence de cet étranger dont il ignorait tout jusqu’au nom. Il avait honte, honte de se montrer, encore une fois, si faible. Mais il ne pouvait rien faire, hormis laisser couler ses larmes retenues depuis bien trop longtemps. Il ne savait même plus comment les arrêter.
La sensation de n’être rien de plus qu’un enfant l’envahit à nouveau, celle de n’être qu’une pauvre petite créature esseulée qui s’était perdue dans l’obscurité sans nulle part où aller.
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Lim Jae Sun
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyMer 23 Avr - 20:38


Jae Sun s'attendait au pire. Oui, malgré son optimisme, il ne pouvait s'empêcher de s'imaginer le pire. Comment ne pas s'inquiéter après avoir posé une question aussi directe ? Il ne connaissait pas énormément l'homme en face de lui, mais il était à peu près sûr qu'il n'allait pas la prendre de manière très positive. Alors oui, il s'attendait au pire. Il s'attendait à le voir se relever brusquement et lui faire regretter son indiscrétion. Il s'attendait à être frappé, blessé, torturé. Il s'attendait à finir à moitié mort dans cette ruelle ténébreuse. Et, même s'il s'y préparait, il s'en fichait complètement. La douleur ne lui faisait pas plus peur que la mort, et s'il devait être puni pour ses paroles, il l'assumerait entièrement.

Quelle fut donc sa surprise lorsque l'inconnu releva la tête et plongea son regard sombre dans le sien, comme s'il y cherchait un quelconque secours. Cette vue choqua profondément le barista. Son interlocuteur, qui avait pourtant l'air d'être peu sensible, avait la bouche entrouverte et semblait vouloir formuler une phrase, mais aucun son n'en sortait. Finalement, il se recroquevilla et prit sa tête entre ses mains. Réaction qui alerta le Spirit. Qu'avait-t-il fait ? Qu'est-ce que cette question avait bien pu lui rappeler ? Pourquoi l'avait-il posé, au juste ? Sûrement pas pour le voir dans cet état, en tout cas. Il aurait voulu s'excuser et lui dire d'oublier cette question, mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, le Shadow se mit à murmurer quelque chose.

- Parce que... je… je voulais vivre…

Ces mots, murmurés d'une voix faible et presque tremblante, poignardèrent Jae Sun en plein cœur. Il se sentit ému. Ému par le nombre incalculable de sentiments enfermés dans une si petite phrase. Il y en avait tellement qu'il ne les reconnaissait plus. Peut-être de la peur, peut-être du désespoir, peut-être de la tristesse, peut-être de la faiblesse... Comment ne rien ressentir face à cela ? Il n'en pouvait plus de voir cet homme comme ça, il ne voulait pas le voir souffrir autant. Lentement, il se mit à genoux à la gauche de l'inconnu, qui n'avait pas bougé d'un poil. En voyant, une larme couler sur son menton, le cœur du barista se serra. Ne sachant quoi faire, il préféra attendre une réaction de la part de son interlocuteur.

- Je ne sais plus quoi faire… Vraiment, je… je ne sais plus. J’en ai assez… balbutia-t-il alors.

C'en fut trop pour le Spirit, qui laissa quelques larmes quitter son antre. Il se sentait mal, tellement mal pour lui... Il devait faire quelque chose. Tentant de cacher les perles salées qui venaient de couler le long de ses joues, il posa une main rassurante sur l'épaule du Shadow, et, d'une voix douce et calme, murmura :

- Vous n'avez pas eu une enfance facile, n'est-ce pas ?

Il aurait voulu le consoler, le rassurer, le calmer, et ce, jusqu'à ce qu'il aille mieux. Mais il ne le pouvait pas, non seulement car il serait ridicule, mais aussi parce que cet homme n'était pas un enfant. Il décida donc de continuer à lui parler, de cette voix qu'il avait toujours quand il se sentait un peu triste.

- Je sais que je ne peux pas me mettre à votre place, et je sais que je ne peux pas imaginer à quel point tout cela doit être dur pour vous. Mais je sais aussi que même s'il est parfois dur de se rattacher à la vie, il y a toujours moyen d'y arriver. Alors, posez-vous juste cette question : pourquoi avez-vous voulu vivre jusqu'à maintenant ? Lorsque vous aurez trouvé la bonne raison, rattachez-vous le plus possible à elle, et ne la laissez pas se détériorer. Je suis désolé, tout cela peut paraître dénué de sens, mais c'est comme ça que j'ai survécu à mon envie suicidaire lorsque j'étais plus jeune.

Remarquant alors l'effrayante pâleur de l'inconnu, Jae Sun comprit qu'il avait perdu beaucoup trop de sang pour se débrouiller seul. Il se redressa sur ses jambes et, tenant le Shadow par le bras, l'aida à se relever. Puis il reprit la parole.

- Vous vous êtes entaillé très profondément, et vous avez perdu beaucoup de sang. Il vous faut vous soigner et vous reposer. Est-ce que vous habitez près d'ici ? J'habite juste à côté sinon.

« Je vous en prie, laissez-moi vous aider... » aurait-t-il voulu rajouter, mais il s'abstint et attendit juste la réponse de l'homme.
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Ahn Ri Shin
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyVen 25 Avr - 2:39


Ri Shin pleurait. Pour la première fois depuis quatre ans, quatre longues et interminables années, Ri Shin pleurait. Car il n’en pouvait plus. Simplement plus. Les défenses qu’il avait érigées de force en son être, cette carapace d’obsidienne avec laquelle il avait dissimulée ses peurs et ses angoisses, ce mur de béton armé qu’il avait bâti pour que personne n’ait jamais à voir ses doutes et ses regrets, tous, tous venaient de se briser en instant. En une seconde seulement. Car il venait de réaliser qu’il avait perdu ses propres convictions, qu’il courrait depuis trop longtemps après un mensonge. Un mensonge ridicule qui lui faisait office d’excuse. Une si stupide excuse, qui maquillait sa peur de vivre en lassitude, en dégout. Car oui, il voulait vivre. Il l’avait voulu. Mais il en avait aussi peur. Car cela faisait mal. Car il n’était pas heureux. Car, même si cette envie était irrépressible, le prix à payer pour y accéder était trop élevé. En vivant, en faisant simplement cela, il souffrirait. Il continuerait de le faire. Sans jamais pouvoir être soulagé.
Doucement, il sentit une main chaleureuse se poser sur son épaule chétive et tremblante. Une présence amicale, une présence injustement douce qui ne l’avait toujours pas quitté. Qui semblait vouloir le soutenir, toujours et encore. L’empêcher de sombrer jusqu’au dernier instant.
Le jeune homme releva faiblement la tête, ses yeux embués de larmes rencontrant immédiatement ceux, humides, de l’étranger. Celui-ci se tenait à nouveaux face à lui, accroupis à ses côtés, un sentiment de douleur imprégnant les traits de son visage. Ri Shin le contempla en silence, remarquant que des petits sillons scintillant au clair de lune creusait ses joues glabres. Avait-il pleuré ? Etait-il touché ? Avait-il de la peine pour lui ? Le prenait-il en pitié ?... Ces questions passèrent dans la tête du mafieux, aussi rapides qu’un éclair. Cela n’avait pas d’importance.

- Vous n'avez pas eu une enfance facile, n'est-ce pas ?lui avait-il murmuré de son éternelle voix, douce et calme, qu’il ne changeait de ton dans aucune circonstance.

Une enfance…Ri Shin ne savait pas. Il ne savait plus. Peut-être parce qu’il n’avait jamais vraiment eu d’enfance ? Peut-être parce que dire qu’elle n’avait pas été facile était bien trop faible pour retranscrire la vérité ? Pour mesurer toute l’étendue de l’horreur, du désespoir et de la haine qu’elle lui inspirait. Il n’y avait aucun mot pour cela. Aucun.

- Je sais que je ne peux pas me mettre à votre place, et je sais que je ne peux pas imaginer à quel point tout cela doit être dur pour vous. Mais je sais aussi que même s'il est parfois dur de se rattacher à la vie, il y a toujours moyen d'y arriver. Alors, posez-vous juste cette question : pourquoi avez-vous voulu vivre jusqu'à maintenant ? Lorsque vous aurez trouvé la bonne raison, rattachez-vous le plus possible à elle, et ne la laissez pas se détériorer. Je suis désolé, tout cela peut paraître dénué de sens, mais c'est comme ça que j'ai survécu à mon envie suicidaire lorsque j'étais plus jeune.

Sa dernière phrase interpella le Shadow. Lui aussi ? Lui aussi avait, ne serait-ce qu’un jour, qu’un instant, éprouvé le besoin de faire cesser cette grotesque mascarade qu’était la vie ?...
Une énième et dernière larme s’écoula sur ses pommettes détrempées, avant qu’il ne prenne enfin la décision d’essuyer son visage larmoyant. Il ne savait pas pourquoi il voulait vivre. Du moins, il ne le savait plus. Peut-être par besoin de justice, par besoin de prouver au monde qu’il avait lui aussi sa place, quelque part. Peut-être pour satisfaire une envie de liberté qu’il n’avait jamais pu assouvir, pour voir le monde de lui-même, se rendre compte de tout ce qui l’attendait. De tout ce qu’il pouvait avoir. Mais à présent, toutes ses choses, ses envies et ses besoins, il ne les comprenait plus. Il ne savait plus quoi en faire. Tout s’entassait sur ses épaules chétives, épaules qui ne pouvaient déjà plus supporter le poids d’une folie démesurée et monstrueuse qui pesait sur elles. Il ne voyait devant lui qu’un vide béant, un rideau de plomb obstruant sa vision, se fondant aux ténèbres environnantes avec, comme seul et unique recours, une question. Un appel au secours. « Que faire ? »
L’homme se releva subitement, prenant le Shadow par le bras pour l’aider à se relever. Celui-ci se laissa faire sans broncher, ne trouvant même plus la force de résister. Même plus le courage de lutter. Si la rage qui avait pris possession de son corps quelques instants plus tôt lui avait redonné assez d’énergie pour entretenir une conversation plus ou moins normale, la peine qui venait de le prendre le rendait affaibli et désarmé.

- Vous vous êtes entaillé très profondément, et vous avez perdu beaucoup de sang. Il vous faut vous soigner et vous reposer. Est-ce que vous habitez près d'ici ? J'habite juste à côté sinon, lui dit-il.

Ri Shin baissa la tête, manquant de vaciller à tout instant. Il se sentait si faible, tout comme il avait si froid à présent… Et cette source de chaleur bienveillante qu’il sentait à quelques centimètres de son corps, il ne pouvait s’empêcher de la chercher, de la désirer. Plus que tout en ce moment, il en avait besoin. Il en avait ardemment besoin. Ses mains livides aux doigts fuselés s’agrippèrent presque instinctivement au bras de l’inconnu alors qu’il relevait le visage en sa direction, perdu. Ses forces l’abandonnaient peu à peu, alors que sa vision s’obscurcissait. Le jeune homme éprouvait peu à peu une peur inexplicable, une peur sourde et glaciale qui s’infiltrait dans sa nuque et descendait le long de son échine, provoquant de violents tremblements. Il voulait partir d’ici, loin de cette obscurité étouffante qu’il détestait tant. Mais il ne savait, encore une fois, que faire.

- Je…je ne sais pas. Je ne sais pas…répéta-t-il dans un souffle, légèrement effrayé. J’ai peur…vraiment peur…

Une larme perla au coin de son œil tandis que sa lucidité le quittait à nouveau. Il se perdait, certes, mais ce n’était plus dans cette folie ravageuse et exécrable comme il en avait l’habitude, mais dans une angoisse réfrénée depuis trop longtemps, une peur de la solitude qu’il n’avait jamais pu guérir. Qu’il n’avait jamais su guérir. Alors, plus que le jeune homme odieux qu’il était la plupart du temps, il était en cet instant un enfant aveuglé par l’obscurité. Confus, perdu et effrayé.

- Aid-aide moi, bégaya-t-il. Aide-moi, je t’en supplie…ne me laisse pas seul…j’ai tellement besoin que quelqu’un m’aide…

Il craquait. Ri Shin craquait totalement, perdant conscience de tout ce qui l’entourait.

- Tellement…murmura-t-il tandis que de nouvelles larmes inondaient son visage.

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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptyJeu 1 Mai - 13:20


Jae Sun était inquiet. Très inquiet. Mort d'inquiétude pour cette homme, pâle et gelé, à côté de lui. À cet instant, entre la frontière de la vie et celle de la mort, il semblait si vulnérable, si infantile, si faible... Le barista avait du mal à croire que cette même personne l'avait agressé et insulté de manière bien crue quelques instants plus tôt. Était-ce un dédoublement de personnalité ? Non, il était sûr que ce n'était pas ça. Cet inconnu se montrait agressif pour se cacher aux autres, il ne voyait que ça. Un masque. Un masque démoniaque qui cachait une personne blessée et torturée dans son enfance.

Le Spirit avait relevé le Shadow, mais celui-ci, tête baissée, semblait capable de s'écrouler à n'importe quel moment. Lorsqu'il se rapprocha de lui, ses mains agrippèrent son bras. Étonné, Jae Sun ne fit aucun geste. L'homme releva les yeux et le regarda d'un air perdu. Le voile ténébreux qui lui assombrissait la vue se lisait dans ses pupilles, ce qui mit en panique le barista. Non, il ne fallait pas qu'il y succombe... Les paroles qui suivirent le paniqua plus encore, hélas.

- Je… je ne sais pas. Je ne sais pas… J’ai peur… Vraiment peur… dit-il, l'air effrayé.

Un enfant. En quelques minutes, cet inconnu était passé d'adulte agressif et violent à enfant fragile, effrayé, perdu dans l'obscurité de la nuit. Il semblait ne pas savoir où il était, ni ce qu'il devait faire. Que faire ? Que faire ? C'était aussi la question que se posait le Spirit. Que faire pour le rassurer ? Que faire pour l'empêcher de plonger dans les ténèbres de la mort ? Tentant maladroitement de cacher sa panique, il murmura d'une voix douce mais presque inaudible :

- Je vous en prie... Luttez contre ce voile obscur... Restez avec moi.... N'ayez pas peur, je suis là...

Son cœur tambourinait violemment contre sa poitrine. Même s'il le suppliait d'arrêter, de se calmer, de le laisser en paix, il continuait à battre de plus en plus vite, de plus en plus fort, mettant en marche un étau qui comprimait ses poumons. Il était paniqué, inquiet, désespéré. En ce moment même, sa plus grande crainte était de voir cette homme mourir. Il ne voulait pas de ça. Non, il ne le voulait pas. Depuis plus de deux ans, il se battait inlassablement contre cette ombre de désespoir qu'était la Mort. Depuis plus de deux ans, il faisait tout pour l'empêcher de faucher prématurément des fleurs qu'elle ne méritait pas de prendre sous son aile obscure. Depuis plus de deux ans, il mettait sa vie en jeu pour celle des autres, étant parvenu à un stade où il ne ressentait cette sensation de réelle douleur qu'en utilisant son pouvoir. Et là encore, c'était la même chose. Il souffrait pour les autres. Deux ans. Deux ans qu'il menait seul une guerre contre l'abus de pouvoir des ténèbres. Et il allait faillir aujourd'hui ? Non. Non, non, non. Ça, il en était hors de question. Ce Shadow recherchait encore sa place dans ce monde, il était encore trop tôt pour que la Mort fauche sa vie. Il avait droit à sa chance, comme les autres. C'est pour cela qu'il allait le sauver.

Jae Sun regardait toujours l'inconnu, les yeux brillants d'une lueur d'inquiétude maternelle. Il restait alerte, prêt à le rattraper au moindre vacillement, à le rassurer de n'importe quelle manière au moindre regard effrayé. C'était décidé, il allait le ramener chez lui et le soigner. Mais l'homme était-il en état de marcher ? Le barista voulut le vérifier en s'écartant un peu de lui, afin de lui laisser assez de place pour mettre un pied devant l'autre. Cependant, il se stoppa bien vite en l'entendant bégayer. Regardant à nouveau ses yeux, il remarqua une nouvelle trace humide sur l'une de ses pommettes.

- Aid-aide moi. Aide-moi, je t’en supplie… Ne me laisse pas seul… J’ai tellement besoin que quelqu’un m’aide…

Ses larmes recommencèrent à couler doucement le long de ses joues, inondant une fois de plus son visage affreusement livide.

- Tellement... rajouta-t-il, d'une voix brisé.

Le Spirit ne sut quoi dire sur le coup. Malgré l'inquiétude grandissant toujours plus en lui, il était ému, touché, attendri par ces paroles. La douceur qui brillait toujours dans ses yeux s'empara de tout son être, et, sans réfléchir, il s'approcha doucement de l'inconnu, avant de le serrer dans ses bras. Sentant la fraîcheur de son corps, il tenta de le réchauffer en resserrant son étreinte. Il voulait lui faire comprendre qu'il ne souhaitait en aucun cas le laisser seul, qu'il méritait lui aussi d'avoir quelqu'un auprès de lui, et qu'il l'aiderait du mieux qu'il peut. Après avoir relâché le Shadow, Jae Sun le regarda avec douceur, et, d'un geste presque maternel, il déposa ses mains contres ses joues pâles et sécha les perles salées qui y coulaient, avant de déposer quelques secondes ses lèvres contre son front.

- Ne vous inquiétez pas... murmura-t-il tendrement. Je suis là, et je vais rester... Je vous l'ai bien dit tout à l'heure, non ? Je ne vous laisserai pas tant que je ne serai pas sûr que vous allez vivre. Il plaça ses mains sur ses épaules et lui fit un magnifique sourire pour le rassurer. Vous n'êtes plus seul désormais, je suis avec vous... Et je vais vous aider...

Lentement, le barista se décala et passa le bras de l'homme derrière son cou, le soutenant avec le sien au niveau des côtes. Il reprit la parole, en avançant doucement vers son logis.

- Si vous vous sentez tomber, faites-le-moi savoir, je vous rattraperai. Mais je vous en prie, si vous vous sentez gagné par le sommeil, essayer de tenir encore un peu. Luttez contre l'obscurité si elle vient voiler votre vue.
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Ahn Ri Shin
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MessageSujet: Re: Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini-   Abadon Fear ❖ Jae Sun -fini- EmptySam 10 Mai - 19:04


Lutter. Il devait lutter, Ri Shin le savait. Il ne devait pas s’abandonner à ce vide glacial, cette pénombre qu’il ne pouvait nommer. Mais comment ? Comment pouvait-il le faire ? Il était complètement terrorisé devant ce mur obscur qui lui faisait face, cet univers qui l’attirait tout autant qu’il le repoussait. Il aurait tant voulu s’en détacher, le faire disparaître pour de bon, mais en vain. Et le plus ironique, le plus exécrable, c’était le fait qu’il était lui-même à l’origine de cette situation fort macabre. Bien qu’il disait être terrifié par cela, ne l’avait-il pas provoqué de ses propres mains ? Si. Il sentait son bon sens glisser entre ses doigts crispés, s’échapper sans qu’il ne puisse le rattraper. Le Shadow perdait ses repères, un à un, sans pouvoir les regagner.
En cet instant, plus fébrile, plus triste et plus vulnérable que jamais, il ne pouvait absolument rien faire. Juste pleurer. Pleurer toutes les larmes de son corps, sans pouvoir y trouver une explication. Sans pouvoir s’arrêter.
Des mots, prononcés avec cette douceur langoureuse qui lui devenait peu à peu si familière, parvinrent à ses oreilles, inaudibles.

- Je vous en prie... Luttez contre ce voile obscur... Restez avec moi.... N'ayez pas peur, je suis là...

Le mafieux les entendit sans y songer pour autant. Il n’arrivait plus à réfléchir correctement, discerner ce qu’il devait faire ou non, ce à quoi il devait s’accrocher. Il ne voulait pas souffrir. Non. Plus jamais. Il ne voulait plus avoir à ressentir cette douleur lancinante, ce mal cuisant et inexorable qui détruisait la moindre parcelle de son esprit, la moindre bribe de lucidité qui brillait d’un faible éclat dans les abysses insondables de son âme. Il ne voulait plus avoir à ressentir toute cette rage, toute cette colère qu’il n’arrivait pas à contenir. Son être était fatigué, las de ces émotions corruptives qui le rongeaient jusqu’à la moelle. Il était exténué de tous ces sentiments qui le transformaient tour à tour en pantin dispensé de libre arbitre. Enfant de la folie, enfant de la fureur…enfant du désespoir. Tout cela, cette multitude de visages aux expressions torturées, il ne savait plus lequel lui appartenait. Il se perdait, se noyait dans cette foultitude d’étrangers aux yeux sombres, tantôt malsains, tristes, écœurés, furieux ou narquois. Tant de personnes qu’il était sans être, tant de visages qu’il arborait sans comprendre. Tant de choses douloureusement incompréhensibles…
Alors que ses pensées dérivaient peu à peu vers une panique incontrôlable, Ri Shin sentit qu’on l’étreignait avec douceur et bienveillance, diffusant alors dans son corps glacé une chaleur apaisante. Au milieu de ses larmes, le jeune homme posa ses yeux sur l’homme qui le tenait dans ses bras avec autant de délicatesse. Pourquoi cet étranger se comportait de façon si tendre avec lui ? Pourquoi cet inconnu qui ignorait absolument tout de lui se comportait de façon aussi gentille ? Pourquoi, lui qui ne le connaissait pas, le traitait exactement de la façon dont il avait toujours voulu être traité ? Pourquoi, alors qu’il le serrait un peu plus fort contre lui afin de lui faire partager davantage de chaleur, avait-il l’irrépressible envie de se mettre à pleurer comme aurait pu le faire un enfant et se laisser consoler ?... Pourquoi, lorsqu’il agissait de la sorte envers le Shadow, celui-ci avait l’impression qu’il aurait pu tout lui dire, absolument tout, et qu’il l’aurait écouté sans jamais le rejeter, qu’il semblait capable de lui pardonner jusqu’au plus horrible de ses crimes ? Pourquoi, avec une simple étreinte seulement, se sentait-il apaisé, avait-il l’impression qu’il le soutiendrait inlassablement ? Qu’il ne l’abandonnerait pas à cette solitude si écrasante qu’était la sienne.
Qu’il ne l’abandonnerait jamais.
L’homme le relâcha tout en le regardant avec une extrême douceur avant de poser ses mains aux paumes agréablement chaudes sur les joues du mafieux, cireuses et livides, afin d’effacer les larmes qui les inondaient. Puis, avec sa tendresse habituelle, il déposa ses lèvres sur son front blême, comme en signe de protection. Ri Shin se laissa faire en silence, ne pouvant détacher ses yeux sombres de l’étranger.

- Ne vous inquiétez pas... murmura-t-il. Je suis là, et je vais rester... Je vous l'ai bien dit tout à l'heure, non ? Je ne vous laisserai pas tant que je ne serai pas sûr que vous allez vivre, lui dit-il tout en plaçant ses mains sur ses épaules fébriles, affichant un sourire rassurant. Vous n'êtes plus seul désormais, je suis avec vous... Et je vais vous aider...

Le Shadow voulait croire ces paroles. Il le voulait ardemment. Mais en était-il réellement capable ? Pouvait-il lui faire confiance et le croire ? Peut-être. Sûrement. Oui, il pouvait sûrement le croire. La chaleur qui s’était diffusée dans son corps mortifié le lui criait. Il pouvait le croire.
Le mafieux se surprit à entrevoir un semblant d’espoir. Une sensation qui l’apaisait, qui le réconfortait. Une sensation qu’il avait oubliée depuis d’innombrables années… Et il venait à penser que, si quelqu’un avait agis plus tôt de la sorte avec lui, il ne l’aurait peut-être même jamais oubliée. Certains auraient pu voir là du regret, le regret de n’avoir pas pu être secouru avant autant de temps, de n’avoir connu cet élan de gentillesse que si tard. Mais ce n’était pas le cas pour Ri Shin. Car, plus que tout, il n’aurait jamais cru que ce genre de personne pouvait bel et bien exister, celles qui secouraient les autres inlassablement, inexplicablement, sans jamais les juger. Et, plus que tout, c’était ce dont il avait besoin ; ne pas être jugé. Alors que cela se produise aussi tard ou non, dans un esprit maladif qui n’avait jamais pu connaître autre chose que la rancune, le jeune homme ne pouvait le concevoir que comme un miracle. Un miracle qui n’était pas attendu.
L’inconnu s’écarta de lui, prenant un de ses bras et le faisant passer par-dessus ses épaules pour le soutenir, avant de passer un de ses propres bras autour de la taille du Shadow, avançant doucement.

- Si vous vous sentez tomber, faites-le-moi savoir, je vous rattraperai. Mais je vous en prie, si vous vous sentez gagné par le sommeil, essayer de tenir encore un peu. Luttez contre l'obscurité si elle vient voiler votre vue.

Ri Shin le regarda pour la énième fois, glissant un coup d’œil en sa direction. Il ne méritait pas cela. Il ne le méritait absolument pas, il le savait. Mais malgré cela, même si c’était particulièrement injuste, il ne comptait pas abandonner. Surtout pas si cette personne se tenait à ses côtés, le soutenant d’une telle façon. Il comptait lutter. Il comptait le faire de toutes ses dernières forces. De tout son être.
Baissant la tête afin de dissimuler les dernières larmes qui scintillaient au coin de ses yeux ternes, il laissa échapper un murmure.

- Merci...
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