♚ Avatar : Kim Hansol [Topp Dogg] Messages : 150 Ahn Ri Shin
Sujet: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Jeu 28 Aoû - 1:47
Serves you right with Daesoo Lu Byun
La mer était agitée, cette nuit-là. Très agitée, même. Ri Shin la regardait d’un air absent, voyant sans véritablement les voir les vagues obscures et écumantes qui déferlaient sur le sable humide. Le vent soufflait particulièrement fort, faisant virevolter quelques mèches de ses cheveux aux travers de son visage rendu moite par les embruns marins. Et par le sang, aussi. Le sang, oui. De petites gouttes vermeilles s’écoulaient lentement sur ses joues, glissant à la surface de sa peau glabre, suivant la courbe de son menton, avant de venir s’écraser sur son buste. Un rouge vif et sombre à la fois, écœurant, qui maculait ses vêtements et ses mains, témoignage de la lutte qui venait d’avoir lieu. La lutte et le meurtre. Le très malencontreux meurtre. Encore une fois, les choses s’étaient passées trop vite. Beaucoup trop vite. Le ton était monté, et il n’avait pu se contrôler. Il n’avait su le faire. Les coups étaient partis avant même qu’il ne puisse le réaliser. La lame dissimulée dans sa manche avait été dégainée presque par automatisme, et avait trouvé sa place, parfaitement logée dans les côtes de l’individu. Oui, tout s’était enchaîné très vite. Fluides, nets, et précis. Rapides et mortels. Comme toujours. Rapidement, le Shadow reprit ses esprits, posant son regard sur le corps qui gisait à ses pieds, inerte. Bien. Au moins, on pouvait dire que cette affaire était réglée. Cet homme était gênant, de toute façon. Il était trop informé. Trop dangereux. Et trop bavard. Bien trop bavard pour que Ri Shin puisse le permettre. Il voulait le faire chanter en le menaçant de faire tomber son réseau s’il ne le payait pas ? Soit. Mais une fois mort, cela rendait la chose légèrement plus complexe. Il laissa échapper un sourire dédaigneux avant de passer une main dans ses cheveux, dégageant de la sorte ses yeux sombres et froids. Stupide. Comment avait-il pu imaginer ne serait-ce qu’une seule seconde que son plan marcherait ? C’était de l’inconscience. S’il voulait parler « affaires » avec le mafieux, il devait au moins savoir à quoi se tenir. Et, surtout, ne pas venir les bras ballants en se fiant uniquement sur son franc parler. Non, franchement, venir le voir à cette heure-ci de la nuit, dans un endroit désert pour tenter de le menacer, et ce, sans aucune arme...c’était de l’inconscience. Ou de la connerie. Une véritable connerie, oui. Et les idiots dans son genre, qui parlaient dans le vide afin de meubler inutilement le silence, le Shadow les détestait. Les haïssait, même. Surtout si le terme abordé était l’argent. L’argent. Toujours et encore l’argent. Tous ne semblaient penser qu’à cela. L’argent apportait beaucoup, certes, il avait cru le comprendre. Il offrait le pouvoir et le luxe, mais aussi la déchéance. Une déchéance exécrable, ponctuée de plaisirs faciles et corruptifs. Quelque chose de tordu, sale et addictif. Hideux. Et lui qui avait était victime de cette foutue déchéance, avait payé les frais de cette corruption à ses propres dépens, lui, il ne pouvait la tolérer. Car même si l’argent apportait beaucoup, il ne pouvait lui rendre ce qu’il avait perdu ; son humanité. Il soupira longuement, regardant la mer déchaînée qui se dressait face à lui. Un cataclysme semblait se réveiller lentement, faisant écho à ses propres pensées. Après cette petite « formalité », il se sentait d’humeur massacrante, comme bien souvent. On l’avait excédé, et, au final, il avait fini par craquer légèrement, ce qui le rendait particulièrement irritable. Essuyant ses mains ensanglantées sur ses manches avec dédain –il aurait de toute façon tôt fait de brûler ces vêtements afin de dissimuler les preuves- son regard glissa vers le cadavre. Il ne lui restait plus qu’à retirer l’arme qu’il avait très aimablement plongé dans son abdomen, et se débarrasser de l’homme. La chose était vite faite. Il n’avait simplement qu’à le jeter un peu plus loin dans la mer et partir tranquillement. La plage, à cette heure aussi avancée de la nuit était déserte, sans aucun témoin, et propice à la dissimulation de son crime. Le sang qui imbibait le sable partirait très vite, lavé par la marée montante, et le corps, livré à la mer déchaînée, vagabonderait pendant quelques heures entre les vagues, afin de s’échouer au petit matin quelque part, sur la berge, et, avec un peu de chance, se retrouverait coincé plusieurs jours entre des rochers avant que quelqu’un ne le trouve. Le jeune homme s’autorisa un sourire satisfait. C’était un plan simple mais parfait. Heureusement que cet abrutit avait accepté de venir dans un tel endroit afin de régler leur différend. Une ruelle de la capitale aurait pu faire l’affaire, mais rendait la chose plus difficile. Et, il fallait dire qu’il se voyait très mal abandonner le corps dans une benne à ordures. Quoiqu’il l’avait déjà fait, une fois. Rangeant l’arme sanguinolente dans un pan de sa veste, il fit un pas en direction du cadavre, une petite moue aux lèvres. Bien, maintenant, il ne lui restait plus qu’à le traîner dans la mer, à quelques mètres de la berge.
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Sujet: Re: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Jeu 28 Aoû - 20:12
Dernière édition par Daesoo Lu-Byun le Dim 14 Sep - 20:49, édité 1 fois
♚ Avatar : Kim Hansol [Topp Dogg] Messages : 150 Ahn Ri Shin
Sujet: Re: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Ven 29 Aoû - 17:48
Le jeune homme soupira. Quelle plaie de devoir s’occuper d’affaires telles que celle-ci. Dire qu’à cette heure-là, il aurait déjà dû être rentré chez lui, bien au chaud et confortablement installé dans un fauteuil à lire les rapports de la journée… Mais non, il devait encore se coltiner quelque chose. Et quelque chose de particulièrement lassant. Il murmura un faible juron, se penchant sur le corps, passant ses mains sous ses épaules afin de le traîner du mieux qu’il le pouvait sur le sable humide. Ri Shin, malgré lui, n’était pas très robuste, et jura un peu plus fort lorsqu’il se rendit compte que se débarrasser de l’individu n’était pas une mince affaire. Il n’était pas vraiment un poids plume, si on pouvait le dire de cette manière, et le déplacer semblait plus difficile que prévu. Evidemment. Les choses ne pouvaient jamais être aussi simples qu’il ne le voudrait. Jamais, non. Comme si lui rendre la vie encore plus compliquée qu’elle ne l’était déjà était indispensable. Faisant plusieurs pas à reculons en direction de la mer agitée, le mafieux traîna à sa suite le cadavre, celui-ci dessinant une longue traînée écarlate et poisseuse sur le sable spongieux. Heureusement, dans quelques minutes, les vagues auraient tôt fait d’envahir tout le banc de sable encore visible, dissimulant les preuves. Entrant un premier pied dans l’eau glacée, il esquissa une faible grimace. A cette heure-ci, sa température ne devait certainement pas dépasser les dizaines de degrés, chose qu’il n’apprécia qu’à moitié. Le jeune n’aimait pas vraiment la plage, ni la mer, d’ailleurs, mais encore moins l’eau froide. Et il fallait bien dire que le temps n’arrangeait en rien cela. Le vent glacial continuait de souffler avec fureur, résonnant dans ses tympans et faisant danser des mèches de cheveux devant ses yeux, gênant sa vue. Cette nuit, les éléments semblaient bien déchaînés… Le Shadow continua encore sur quelques mètres, jusqu’à ce que l’eau lui arrive légèrement au-dessus de la taille. Cela devait amplement suffire et puis il était déjà assez bien trempé comme cela. Déplacer cet homme dans une eau aussi agitée lui coutait beaucoup d’effort, et qu’il ait les épaules ou la taille émergée, à quelques mètres près, cela ne changeait pas grand-chose. C’est donc en poussant un soupir de soulagement que Ri Shin lâcha son lourd fardeau, celui-ci coulant lentement. A cet endroit, le niveau n’était pas bien profond, mais il ne pouvait faire plus. Sans embarcation, il ne pouvait pas le décharger plus loin. Mais cela ferait malgré tout l’affaire. Le corps remonterait bien vite à la surface, dérivant au gré de la marée montante, ce qui lui laissait largement le temps de partir en toute sérénité. Se dirigeant vers la plage avec flegme, il passa une main dans ses cheveux humides, les tirant vers l’arrière, dégageant de la sorte ses yeux obscurs. Ses vêtements étaient complètement détrempés, collant à sa peau et dégageant une forte odeur iodée, acre et désagréable, gorgés de sel. A coups sûrs, la première chose qu’il ferait lorsqu’il rentrerait serait de prendre une bonne douche, de se changer, et de se débarrasser de ses habits. De toute façon, entre le sang et l’eau de mer, ils étaient complètements foutus et inutilisables. Une fois arrivé sur le sable sec, il frissonna. Le vent semblait souffler de plus en plus fort, glacial, lui donnant la chair de poule. A ce train-là, s’il ne rentrait pas vite, trempé comme il était, il risquait fort de tomber malade, ce qui, pour lui, risquait d’être compromettant. Dans tous les cas, Ri Shin ne devait pas s’attarder plus longtemps. Autant pour sa santé que pour sa sécurité. Certes, le corps serait retrouvé d’ici peu, et très vide identifié comme meurtre, mais en aucun cas il n’était capable d’être le suspect numéro un. Ses antécédents étaient connus, tout comme sa réputation, mais personne ne pouvait mettre de visage sur sa personne. Et c’était pour le mieux. Jetant un dernier regard à la mer déchaînée, il se détourna, s’apprêtant à quitter la plage. Il n’allait pas revenir ici avant un petit bout de temps, ça, il en était plus que certains. Les bras croisés contre son torse, le mafieux tentait tant bien que mal de se protéger du froid, faisant de grandes enjambées dans le sable, ne s’attardant pas plus. Son regard ténébreux se posa un instant sur les rochers qui émergeaient de la mer sur sa droite, scrutant l’obscurité ambiante. Et, alors qu’il s’apprêtait à tourner la tête et reporter son attention face à lui, celle-ci fut attirée par une forme étrange. Effectivement, au milieu des roches, il lui sembla apercevoir une masse sombre et incertaine se découper du paysage. Plissant légèrement les yeux, comme s’il voulait tenter de percer la pénombre, il se rapprocha d’un pas rapide vers l’endroit « suspect ». A cet instant, il lui sembla effectivement percevoir un faible mouvement dans sa direction. Son cœur loupa alors un battement. Il y avait quelqu’un, là-bas, au milieu des rochers. Quelqu’un qui l’avait vu. Quelqu’un qui l’avait vu tuer l’autre homme. Un témoin. Il y avait un témoin. S’arrêtant à quelques pas de la silhouette, qu’il pouvait très vaguement distinguer dans le décor marin, il sortit d’un geste vif l’arme de son manteau. Il lui fallait régler ce problème, et vite. Très vite.
- Montre-toi ou c’est moi qui viens te chercher et t’étriper au passage, lui lança-t-il d’un ton menaçant.
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Sujet: Re: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Lun 1 Sep - 5:40
Dernière édition par Daesoo Lu-Byun le Dim 14 Sep - 20:50, édité 1 fois
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Sujet: Re: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Sam 6 Sep - 23:37
Ri Shin aperçu plus clairement la silhouette qui se tenait dissimulée parmi les roches, sa vision s’adaptant un peu plus à l’obscurité ambiante. Une silhouette masculine, visiblement. Cette découverte lui arracha un tic nerveux à la commissure de ses lèvres livides. Les hommes étaient toujours plus tenaces que les femmes et les enfants, chose quelque peu agaçante. Le mafieux été éreinté, à cette heure plus que tardive, las d’avoir traîné le corps de sa stupide victime à la mer. Il n’avait jamais eu réellement de bonnes conditions physiques, après tout. C’était plutôt même l’inverse. Il était assez chétif, fébrile et fluet. Mais, il avait une chose que les autres n’avaient pas. Il avait l’avantage d’être bestial, réagissant et n’agissant que par instinct, seulement contrôlé par la fureur sanguinaire qui rugissait en lui. Faible, peut-être, mais incontrôlable, sûrement. La frénésie qui le prenait lorsqu’il violentait quelqu’un montait crescendo, incapable à stopper et, contrairement aux autres, à tous ces foutus autres, si détestables et immondes, Ri Shin, lui, n’avait pas peur de ses salir les mains. Il n’avait peur de rien, non. Pas même de la mort. Et cela, cette simple raison, le rendait sûrement plus dangereux que tout autre. Il était fou, et s’abandonnait dans un plaisir macabre à cette folie. Alors homme, femme ou enfant, s’il le fallait, il n’hésitait pas à se débarrasser de tous ceux qui se trouvaient sur son chemin, les balayer, comme il le ferait pour d’innombrables ordures. Méfiant, l’arme toujours à la main, il regardait la personne s’agiter faiblement. Si jamais elle tentait de prendre la fuite, sans la moindre hésitation, il la tuerait. Le mafieux n’aimait pas les témoins, car ceux-ci pouvaient se montrer…très problématiques. Certes, il fallait plus qu’un simple témoignage pour le mettre derrière les barreaux –et encore, il était certain que la très chère Reine Rubis se ferait un plaisir de l’exécuter elle-même si elle pouvait le tenir- mais il n’empêchait pas que leurs présences lui soient particulièrement néfastes. Il avait, durant déjà quatre années, entretenu un anonymat des plus complet, et ce n’était certainement pas un quelconque individu, surgit de nulle part, qui allait faire voler en éclat tout le travail assidu qu’il avait mis en place afin d’y parvenir. Rien ni personne ne l’arrêterait. Définitivement personne. Le Shadow fut légèrement déconcerté dès qu’il vit l’homme se redresser, le bras en l’air, dévoilant enfin son visage. Celui-ci était illuminé d’un étrange sourire, qui n’inspira rien de bien au mafieux. Quel genre de personne se mettait à sourire dans une situation telle que celle-ci ? Franchement, sur quel idiot était-il encore tombé… Remarquant son désarroi, l’étranger expliqua la situation, désignant le portable qu’il tenait dans sa main levée. Ainsi donc, il avait filmé la scène qu’il venait de se dérouler, rendant son visage visible ? Celui-ci serra la mâchoire, regardant l’inconnu exhiber fièrement son téléphone. Il se sentait en position de force, cela crevait les yeux. Bien, visiblement, il l’avait sous-estimé. Cette personne était bien loin d’être un de ces crétins dont il avait l’habitude de tomber. Il l’écouta parler en silence, son regard obscur posé sur lui, le regardant avec méfiance et frustration mêlée. Le livrer à la police ? N’était-ce pas une sorte de chantage ? Ri Shin resta plusieurs secondes interdit, le fil de ses pensées se stoppant net. Il l’avait pris la main dans le sac, n’est-ce pas ? Et il avait une preuve irréfutable. Soit. Soit, sur ce coup, ce n’était pas mal joué. Pas mal joué du tout. Mais cela n’était pas suffisant. Car rien ni personne ne l’arrêterait, il se l’était promis. Un horrible rictus apparut sur ses lèvres pincées, dévoilant son amusement. Amusant, oui, cela le devenait. Cela devenait de plus en plus amusant. Un faible ricanement s’éleva de sa gorge, d’abord imperceptible, puis de plus en plus fort, se muant en un rire sinistre. Le livrer à la police ? Supprimer le message ? Lui épargner la vie ? Visiblement, tous les moyens étaient bons pour s’assurer la survie. C’était pitoyable. Il s’arrêta de rire, se calmant peu à peu, passant une main dans ses cheveux moites, avant de refixer son attention sur l’homme. Rire lui faisait le plus grand bien, dissipant peu à peu la pression accumulée sur ses épaules. Trop de chose se passaient dans la même soirée, à croire que le destin –ou n’importe quelle autre connerie- avait une dent contre lui. Ne se départissant pas de son petit sourire en coin, il s’approcha furtivement de l’étranger, se plaçant face à lui, une étrange lueur vrillant dans ses yeux perçants. Un éclat bestial.
- Ils me retrouveront ? Avec une vidéo ? Avec ton témoignage ?lui demanda-t-il sur un ton narquois. Cela peut aider, c’est vrai. Mais laisse-moi te le dire, cela ne suffira pas.
Quel imbécile. Un imbécile utopiste, sincèrement. S’il n’avait fallu que de cela pour démanteler tout un réseau mafieux, son réseau, Ri Shin ne se tiendrait certainement pas devant lui à l’heure actuelle. Les choses n’étaient pas aussi simples. Les choses n’étaient jamais aussi simples. Jamais. Regardant la lame de son couteau d’un air songeur, la lueur de la lune se reflétant sinistrement sur la surface polie, il continua.
- Tu as un nom, une identité à fournir, peut-être ? Si tu connais le visage d’un meurtrier sans connaître ni son nom, ni des informations relatives à sa vie, cela ne sert à rien, ricana-t-il. Et s’ils veulent tant me retrouver avec cet unique renseignement, ils auront bon remuer ciel et terre, pour essayer. Mais je ne leur garantis rien.
D’un geste vif, il donna un coup sec sur sa main, envoyant valser le portable quelques mètres plus loin, sur le sable. S’il voulait l’impressionner, il en faudrait plus. Bien plus. Plaçant le poignard sous sa gorge, il esquissa un petit sourire.
- Je m’en cogne, de ta vidéo à la con. Personne ne me mettra la main dessus aussi facilement, ça tu peux me le croire. Alors tu as intérêt à trouver mieux que ça.
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Sujet: Re: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Dim 7 Sep - 6:18
Dernière édition par Daesoo Lu-Byun le Dim 14 Sep - 20:50, édité 1 fois
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Sujet: Re: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Dim 14 Sep - 16:54
L’homme face à lui ne semblait nullement déconcerté, du moins ne laissait-il rien paraître, ce qui agaça légèrement le mafieux. S’il détestait bien une chose, une chose qui s’élevait au-dessus de toutes les autres, innombrables, c’était qu’on lui tienne tête. Qu’on soutienne son regard sans ciller, impassible et froid. Qu’on puisse garder son self-control, réprimer ses émotions face à lui. Il détestait cela, oui. Il le haïssait. Et tout simplement car il était incapable de le faire. Il ne le pouvait pas. Faire taire le flot de rage et de fureur qui grondait sourdement en lui, ravaler la rancœur qui lui brûlait les lèvres, manquant d’éclater en l’espace de quelques secondes, dissimuler l’éclat assassin et fou qui dansait au fond de ses prunelles obscures…il ne le pouvait pas. Il ne le pouvait définitivement pas, non. Peut-être parce qu’il était malade. Complétement malade, oui. Et cela ne datait pas d’hier. Le petit bruit que l’autre prononça alors, feintant l’agacement et rempli d’ironie, décrocha un tic à la commissure des lèvres de Ri Shin. Cela ne se résumait-il pas à se foutre quelque peu ouvertement de sa gueule ? …Si, il en avait l’impression. La désagréable impression. Son poing se referma un peu plus sur le manche de l’arme, ses phalanges blanchissant sous la pression. Dieu qu’il crevait d’envie de lui trancher la gorge d’un coup net et précis…oui, cette envie était quasiment irrésistible. Il ne supportait pas son air suffisant, la façon avec laquelle il le dévisageait, calmement, son regard… Tout. Visiblement, tout l’énervait chez lui. Comme si la lame que pointait le Shadow sous sa gorge n’avait pas d’importance, l’inconnu continua de parler d’un ton calme, duquel perçait une note de provocation. Oui, lui dire qu’il était de toute façon condamné à mourir comme un chien, cela ne semblait s’élever qu’à de la provocation. Le pousser à bout. Ri Shin le savait bien. Parfaitement, même. Mais, malgré cela, il ne pouvait l’ignorer. Oui, provocation ou non, le mafieux n’avait jamais été capable de passer au-dessus de tout cela. Parce qu’il ne pouvait pas. Parce qu’il en était totalement incapable. Simplement. Plus l’autre parlait et plus il sentait une fureur sourde monter en lui. C’était faux. Complètement faux. Jamais il n’aurait à craindre de la sorte pour sa survie. Car il était le bourreau. Il tuait, inspirait la crainte et massacrait. De sa main, il créait le chaos. Il annihilait la chaleur, éteignait la lumière et abrégeait la vie. De sa main seule. Car il n’était pas une victime. Car il n’en était plus une. Et qu’il ne le serait plus jamais. Car il était devenu le bourreau. Le bourreau, oui. Celui qui ne craignait rien, celui qui ne tremblait pas. Jamais. Et devant quiconque. Alors toutes ces paroles, tous ces mots lui crachant qu’il ne méritait que la fuite et la mort, tout cela le mettait hors de lui. Plus jamais. Définitivement plus jamais. Et plus que tout, pas maintenant. Car il était encore bien trop tôt pour que cela ne cesse. Bien trop tôt, oui. La soif de carnage qui palpitait en ses veines ne pouvait se stopper en si bon cours de route. Il avait encore trop de chose à faire, trop de chose à détruire. Trop de gens à faire payer. Concentré sur les paroles de son interlocuteur, le mafieux ne vit pas le coup arriver, pour sa plus grande horreur. Vivement, l’homme le frappa en plein ventre, lui laissant échapper un souffle ténu, la respiration coupée. Profitant de la surprise du Shadow, l’étranger tira violemment sur son arme, la faisant glisser dans sa propre main, avant d’entailler profondément le bras de Ri Shin. Celui-ci pesta, des étincelles de douleur remontant le long de son bras meurtri, le sel présent dans ses vêtements trempés brûlant la plaie. Ce n’était pas son jour. Vraiment pas, non. Déjà un cadavre sur les bras, mais en plus un individu coriace, n’ayant absolument rien à voir à tous ceux qu’il avait pu croiser sur son chemin, pitoyables et chétifs. Serrant les dents, le mafieux tenta de se ressaisir. Ses habits, poisseux par le sang et l’eau salée, collaient à sa peau d’albâtre, rendant ses mouvements pénibles et confus. C’était mauvais. Très mauvais. Il n’était pas capable de tenir le coup contre cet homme s’il continuait de lui mettre des bâtons dans les roues. Et pourquoi avait-il du tomber sur lui ?... A croire qu’il comptait lui faire passer un mauvais moment. Cette pensée lui arracha un sourire mauvais. Hors de question que cela se passe de cette façon. Il laissa échapper un soufflement dédaigneux, baissant la tête, portant une main à ses côtes douloureuses. Ce connard lui avait fait mal. Vraiment. Et le froid, qui s’infiltrait d’une façon bien malsaine dans ses vêtements, ne faisait qu’empirer la chose. Il avait froid, il était énervé, et son corps était quelque peu amoché. La parfaite combinaison pour le mettre hors de lui. Oui, il était furieux, à présent. Mais cette colère, cette fureur qui tambourinait sous sa peau pâle, se muait lentement en folie. Il perdait le fil. Encore une fois. Lorsqu’il releva la tête afin de dévisager l’inconnu, la lueur de lucidité qui brillait faiblement dans ses yeux sombre s’estompait à vue d’œil.
- Mon dieu, mais quel connard…cracha-t-il en ricanant.
Il se redressa un peu plus, inspectant son bras blessé à la lueur de la lune. Ses vêtements étaient déchirés, laissant entrevoir sa peau sur laquelle suintait une ligne écarlate. L’entaille était assez profonde, mais aucuns muscles ou os ne semblaient avoir été touchés. Et c’était pour le mieux.
- Tu veux savoir ?reprit-il en reportant son attention sur lui, un étrange sourire aux lèvres. Je suis celui qui déciderai de si je dois mourir ou non, où, mais surtout quand. Et, en aucun cas, je ne mourrai de sitôt. Pigé ?
Son regard glissa sur l’arme qu’il tenait toujours en main, arme qui lui appartenait.
- C’est encore beaucoup trop tôt pour que tout cela se termine. Il me reste tellement de chose à faire…souffla-t-il un peu plus bas, comme s’il se parlait à lui-même. Alors si tu comptes sur ces misérables « forces de l’ordre » totalement bonnes à rien pour m’arrêter, sache que je vivrai encore très longtemps, ajouta-t-il en appuyant fortement sur le « très ».
Effectivement, il était encore beaucoup trop tôt pour lui d’être arrêté. Il devait encore tuer bien plus de gens…bien plus de personnes exécrables qui avaient fait de son monde un cauchemar vivant, forgés son être de façon si tordue, immonde. Oui, tous ceux qui l’avaient rendu si monstrueux devaient payer. Jusqu’aux derniers. Tous ceux qui l’avaient rendu si misérable, pitoyable, abandonné aux mains de la folie et du désespoir, tous ceux-là devaient mourir de sa main. Tous. Alors non, peu importe ce qu’il pouvait se passer, il ne mourrait pas.
- Mais, si tu désires tant me voir dans un cercueil, je t’en prie, fais toi plaisir, minauda-t-il avec un sourire provocateur, désignant d’un bref mouvement de tête le couteau toujours dans sa main. C’est facile, tu sais. Un coup bien placé, et tout se termine soudainement. Et c’est bien plus radical que de devoir se fier aveuglément à la « loi »…
Le ton de sa voix était devenu plus grave, révélant la rancœur qui le parcourait en cet instant. La loi ne servait à rien, non. Strictement à rien. La loi était aveugle, sourde. Impénétrable. La loi ne rendait pas justice. Elle était inutile.
- Vas-y, tue moi. Je t’attends.
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Sujet: Re: Serves you right ❖ Lu Byun - fini Dim 14 Sep - 20:40