« Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent. »


Si l'on considérait qu'il existe deux types de personnes dans ce monde, les bons et les mauvais, il faudrait savoir que Seung Joo ne fait certainement pas partie des bons. Bien sûr, il est un peu facile de catégoriser les personnes ainsi, personne n'est tout blanc ou tout noir mais le fait est qu'il n'y a rien de bon en Seung Joo. Pas une once de lumière, tout n'est que ténèbres. Et si vous vous acharneriez à trouver son bon côté, parce que pour vous il est impossible que quelqu'un soit si pourrie, parce que pour vous on a forcément tous un cœur, vous risqueriez de chercher longtemps. Et si par hasard vous y arriviez, eh bien vous seriez alors le conquérant d'une terre encore inexplorée.

Maintenant, mettons-nous d'accord, il est rare qu'une personne puisse se vanter de n'avoir jamais menti. Il y a des gens qui mentent très mal, et d'autres qui sont plus doués. D'autres encore qui ont un certain don pour ça, un peu comme Seung Joo, quoi. Il n'est pas bon de se fier à ce qu'il dit, à ses promesses. Seung Joo a bien compris que les mots n'étaient que des mots, un instrument avant tout. Un instrument capable de bien des choses, parfois bien plus efficaces qu'une arme tranchante.

Le profond dégoût qu'il éprouve pour ces êtres hypocrites que sont les hommes l'a amené à ne plus reculer devant rien, que ce soit dans son activité ou dans la vie. Il accepte tout, que ce soit voler, enlever, donner une bonne leçon ou même ôter la vie. C'est la première fois que c'est compliqué, ensuite le remord finit par disparaître. Seung Joo n'est absolument pas gêné par sa situation, ne se sent-il jamais seul ? Si, parfois, un peu. Mais quand on a décidé de vivre une vie pareille, on sait très bien qu'on ne sera jamais entouré.

On ne va pas se le cacher, Seung Joo est beau et il le sait. Il n'a jamais su aimer mais séduire est une seconde nature chez lui. Il débarque avec son sourire, en fait tomber quelques-unes et repart comme si de rien était. Ca l'occupe, ça l'amuse, et ça lui permet de se rendre compte qu'il est capable d'exercer un certain pouvoir sur les gens, et c'est exactement ce qu'il recherche, le pouvoir.  

« La soif de dominer est celle qui s'éteint la dernière dans le coeur de l'homme.  »


- Un homme ne pleure jamais, Seung Joo.

Comment peut-on grandir normalement, sainement, lorsque l'on est éloigné de tout, de tous ? Puisque c'est ainsi que Seung Joo a grandi, élevé par un père colérique, violent et cruel. Depuis tout petit, lorsqu'un enfant a besoin d'amour et de tendresse les coups pleuvaient dès l'instant où le petit garçon osait laisser couler une larme. C'était un mode d'éducation hors normes, mais qui avait un but précis; faire de lui une machine à tuer, un être sans coeur et sans sentiment, une sorte de petit soldat à sa solde. Pour cela, le petit n'avait le droit à aucune distraction, aucune sortie, rien d'autre que les histoires sombres que lui racontait son père et que les entrainements bien trop durs qu'il lui faisait subir. Et bien sûr tout cela sans se plaindre et sans poser de questions.

«  Comment ça se passe, dehors ? Quand vais-je pouvoir sortir ? Où est maman ? »

Toutes ces questions trottaient dans la tête de Seung Joo, depuis sa plus tendre enfance. Des questions qu'il avait posées, des questions qui étaient restées sans ses réponses, des questions qui lui avaient values des punitions bien trop sévères. Sa mère, Seung Joo n'a jamais su qui elle était, si elle était partie après sa naissance, si elle avait disparu ou même si elle était morte. Il ne restait rien d'elle, pas une trace, c'était comme s'il était arrivé dans ce monde comme cela, par magie.

Il avait tout de même fini par se faire à cette vie, il se doutait qu'il n'avait pas la même que les autres enfants mais il ne pouvait rien n'y faire. La vie est faite comme ça, certains naissent chanceux, d'autres pas.



- Un homme doit tuer ses ennemis, Seung Joo.

Ces mots explicitent prirent un sens inattendu dans l'esprit de Seung Joo. Il avait appris pendant des années qu'un homme devait se débarrasser de ceux qui lui barraient la route, de ses ennemis. Mais en avait-il un seul ? C'était la première fois qu'il y réfléchissait et pourtant cela lui apparu comme une évidence. Qui lui avait fait assez de mal pour lui donner des envies de meurtre ? Qui avait gaché sa vie en faisant de lui une pourriture ? Qui lui avait laissé toutes ces marques de coups sur le corps ? Qui l'avait empêché de vivre une vie dite normale ?

Cela lui paraissait clair, son père, l'homme qui l'avait élevé était son ennemi. Tout alla très vite, il se saisit du premier objet venu et le frappa avec force, une fois, deux fois, trois fois et ainsi de suite. Il ne compta pas le nombre de fois où il le frappa, il voulait seulement être sûr qu'il était bien mort.

Sa première victime fut son père, l'homme qui lui avait appris à tuer, la seule famille qu'il avait. Mais il ne pleura pas, il n'était pas triste, il ne ressentait rien. A présent il devrait vivre seul, et pour vivre seul il devait subvenir à ses besoins en faisant la seule chose qu'il savait faire, tuer.

Cohabiter avec les autres s'était avéré aussi compliqué qu'il se l'était imaginé. Son père éprouvait un profond dégoût pour tous ceux qui l'entouraient, les gens se prenaient pour saints, donnaient des leçons mais n'étaient pour lui au final que des lâches qui se battaient contre eux-mêmes, refusant d'accepter la part d'ombre qu'ils avaient dans leur cœur. Durant toutes ces années ils n'avaient pas cessé d'exposer sa vision des choses à Seung Joo, et lorsqu'il lui avait échappé, lorsqu'il avait enfin pu voir le monde, et les gens, de ses propres yeux il s'était rendu compte qu'il n'avait pas tout à fait tort. Les gens ne cessent de se dire bon, de ramener à chaque instant leur pseudo moral sur le tapis, mais au final, valent-ils vraiment mieux ? Il suffit de les voir agir entre eux, toujours à critiquer, à envier, à jalouser, désirant toujours plus, jamais rassasier, combien de personnes l'engageaient pour des vengeances ridicules, simplement parce qu'ils avaient peur de le faire eux-mêmes ? Ces gens le dégouttaient, lui n'était pas un lâche, il n'avait pas peur, et la morale, il s'en lavait les mains.


♚ Premier pouvoir : Aucun
♚ Deuxième pouvoir : Aucun
♚ Troisième pouvoir : Aucun
♚ Dernier pouvoir : Aucun